Stratégies pour devenir rentier en 10 ans 1/2

Devenir rentier ? C’est l’objectif de ce livre.

J’aime bien les livres sur l’argent pour une simple raison : c’est un sujet simple qui peut être traité de milles manières et qui exige d’exposer ses véritables croyances. Le livre du jour, s’appelle Stratégies pour devenir rentier en dix ans et propose une approche pour atteindre cet objectif.

Il commence par un constat que nous partageons tous : le système est cassé. Si nous n’agissons pas, nous restons un pion au milieu d’un univers qui ne nous donnera rien de définitif. Pour s’en affranchir, il faut viser l’indépendance financière.

Cette indépendance sera abordée sous l’angle “Devenir rentier“. Je dois dire que je n’aime pas ce terme car il évoque pour moi quelqu’un d’improductif ou du moins quelqu’un seulement occupé à gérer son argent : ce sentiment est bien évidemment une projection de ma part (chacun ses problèmes!). Indépendance financière m’évoque plutôt la liberté de choisir ses projets, cela dépasse le fait de consacrer sa vie à faire fructifier son argent. Bref, dans les 2 cas l’objectif est, au minimum, de ne pas dépendre de quelqu’un d’autre pour manger et avoir un toit.

Ici la rente nécessaire est définie comme 2 fois le montant du SMIC. Ce montant permet de vivre en France (pas de plan où il faut partir vivre en Thaïlande…). Le SMIC mensuel est d’environ 1050 € nets / mois, 12 600 € / an. Nous visons donc 25 200 € de revenus annuels.

Si l’on considère une inflation de 2 % par an, dans dix ans il faudrait donc obtenir 30 700 € / an. Pour obtenir ce montant, il faut au moins générer 35 000 € pour pouvoir s’affranchir d’au moins 12,1 % de prélèvements sociaux. Simple non ?

L’hypothèse prise est celle-ci : le capital est placé sur des actions matures et rapporte 6 % de dividendes brut / an : il faut donc 600 000 € pour atteindre cet objectif.

600 000 € pour obtenir 2 SMIC nets

Ok, nous savons combien il faut avoir. La question est maintenant de déterminer comment obtenir cette somme !

Pour réunir cette somme en 10 ans, il faut épargner 2000 € par mois en ayant un capital de départ de 150 000 € et obtenir un rendement annuel de 6 %. Dur non ? Si comme moi vous partez de 0, vous n’aurez pas de capital de départ.

Les solutions ? Epargner sur une plus longue durée, espérer moins en rente ou trouver une solution pour obtenir du capital.

Par exemple, en se donnant 20 ans au lieu de 10, il suffit d’épargner 220 € par mois au lieu des 2000 € !

Évidemment, tout ceci repose sur un certain nombre d’hypothèses discutables sur lesquels vous pouvez vous étriper dans les commentaires mais qui ne doivent pas vous faire rater l’objectif initial ! En soit, la première hypothèse du livre n’est pas applicable à ma situation alors que je suis pourtant parmi les 5 % des français en termes de revenus mais ce n’est pas pour autant que je rejète le livre : il faut l’adapter à son contexte.

Comment atteindre cet objectif ?

Pour arriver à épargner 2000 € / mois, il faut évidemment avoir de bons (très bons!) revenus. Une partie de la réponse c’est qu’il sera difficile de le faire en occupant un poste de salarié “lambda”. A minima, vous devez donc envisager de diversifier vos revenus en appliquant vos idées de business. Vous pouvez également investir dans votre propre éducation en obtenant les diplômes ou les reconnaissances professionnelles vous permettant d’augmenter votre revenu.

L’un des grands alliés dans cette quête, c’est ce que l’on appelle les intérêts composés : les intérêts de vos intérêts. Le fait de réinvestir les intérêts qu’a généré votre capital est un phénomène formidable que notre cerveau à du mal à concevoir :

Avec 150 000 € placés à 6 % / an, vous obtenez 9 000 € d’intérêts chaque année. Si vous dépensez cette somme, le capital reste identique (plus exactement il perd de la valeur à cause de l’inflation). Si vous réinvestissez les intérêts vous obtiendrez au bout de dix ans 269 000 € : presque le double.

La variable importante dans tout cela, c’est l’inflation : elle pénalise les épargnants et les rentiers. L’inflation, c’est le fait que le pouvoir d’achat d’un euro diminue avec le temps. En temps normal, la banque centrale fait en sorte de la maintenir (officiellement) à 2 % / an. 10 000 € de 2000 ne valent plus que 8397 € en 2009 : 16 % de moins !

Cela veut aussi dire que si votre salaire n’a pas bougé en 9 ans, vous avez perdu 16 % de pouvoir d’achat. Pour avoir durable une rente, il faut absolument protéger notre capital de l’inflation.

Et pour gérer ce capital, nous devons faire attention aux chiffres : une perte de X % ne sera pas compensée par une augmentation d’un pourcentage équivalent ! Simple, mais ne nous laissons pas piéger : une grosse perte est pratiquement irrécupérable.

Une perte de 1% nécessite un gain de 1,01 % pour revenir à zéro.

Une perte de 5% nécessite un gain de 5,26 % pour revenir à zéro.

Une perte de 10% nécessite un gain de 11,11 % pour revenir à zéro.

Une perte de 20% nécessite un gain de 25 % pour revenir à zéro.

L’autre attitude à adopter, c’est de faire confiance aux chiffres lorsqu’ils proviennent des véritables sources. Méfiez-vous des statistiques et des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient.

On ne devient pas rentier uniquement en étant frugal

La solution pour arriver à mettre sur pied tout ceci ne réside pas dans les économies au quotidien en achetant les chips premier prix au lieu de votre marque préférée. Il s’agit de faire preuve de discernement et de se concentrer sur les grosses dépenses (comme éviter d’acheter une voiture neuve) ou sur les frais bancaires. Une télévision à 1000 € vous coûte en fait 1791 € et 105 € de rente dans dix ans par rapport à notre objectif : il faut trouver un juste milieu et ne pas s’empêcher de vivre le quotidien.


Investir, oui mais comment ?

L’allocation d’actifs est capital : il s’agit de définir la manière dont sera découpé votre capital et sur quels supports il sera placé.

Exemple d’une allocation censée produire 8,5 % de rendement nominal (hors impôts) :

  • Monétaire 10 %
  • Obligations 20 %
  • Immobilier 30 %
  • Actions 40 %

Une fois votre allocation décidée, n’oubliez pas de garder de la trésorerie (les 10 % de monétaires ci-dessus) : ce sera votre épargne de précaution.

Ensuite, lissez vos investissements. Les marchés varient beaucoup, ne mettez pas vos billes d’un seul coup. Diversifier pour vous protéger : nous ne sommes pas à l’abri d’un scandale type Enron ou de la faillite d’un pays.

Lorsque votre allocation évolue, vous allez devoir procéder à des rééquilibrages. Plutôt que de vendre ceux qui ont marché (et générer des frais de courtage), choisissez d’allouer vos versements en favorisant le support qui le nécessite.

Dans le choix de vos supports, considérez toujours que la rentabilité d’un placement au travers de son risque mais aussi de sa liquidité.

Pour acheter les différents supports pour composer votre portefeuille, privilégiez les frais les plus faibles car ils dégradent énormément la performance : n’oubliez pas sur 10 ans les montants deviennent importants. Dans cette approche, les trackers ou les ETF sont une bonne alternative car les frais de gestion sont réduits.

Diversification rime avec protection

Pour protéger notre investissement en action, il faut diversifier. Je sais qu’il existe plusieurs courants de pensée à ce sujet : les uns disent qu’il faut être un expert et ne pas diversifier, les autre recommandent la diversification comme moyen de protection. Une chose est sûre, si vous n’êtes pas prêt à consacrer du temps à gérer, mieux vaut diversifier.

La diversification proposée prend en compte les différents secteurs d’activité : l’auteur recommande de surpondérer l’énergie, les biens de consommation de base, la santé, les services de télécommunications et les services aux collectivités.

L’autre dimension, c’est la diversification géographique : autrement dit, sortez du CAC40 et placez la moitié de votre portefeuille en francs suisses, livres sterling et dollars américains.

Enfin, diversifiez en fonction de la taille. Cependant, vu que l’objectif n’est pas de devenir spécialiste des petites capitalisations, restez concentré sur les grosses voire les moyennes capitalisation quitte à aller les chercher en actions étrangères.

Au final, vous devriez avoir entre 12 et 30 actions différentes ou miser sur des trackers.

Ici encore, avec le temps il faudra rééquilibrer votre portefeuille pour respecter le découpage sectoriel que vous avez déterminé.

Vendre ses actions

L’objectif de vivre de sa rente ne requiert normalement pas de vendre, la fiscalité et les frais doivent vous décourager. Pour éviter de vendre, il faut viser des actions “sans surprises” : des leaders solides. L’indicateur, c’est de vendre la moitié d’une ligne d’actions si celle-ci atteint 15 % de votre portefeuille.

Et si je n’aime pas les actions ?

Pas d’inquiétude : choisissez 2 ou 3 trackers et investissez régulièrement dessus. (EASYETF STOXX EUROPE 50 et EASYETF S&P 100 par exemple).

Ok et si je veux des actions ?

Pour bien choisir une action, il faut payer un prix faible par rapport à la valeur, cependant il est difficile d’évaluer la valeur d’une action. La diversification est la réponse.

L’autre élément à prendre en compte, ce sont les dividendes. Nous devons comparer le rendement sur dividende avec la régularité de ces dividendes.

Le PER, le ratio qui mesure le nombre de fois qu’une action capitalise son bénéfice après impôts, est l’autre indicateur souvent utilisé. D’autres indicateurs sont plus précis mais ils sont peu diffusés (EV/EBITA, EV/Sales et EV/EBIT) (EV = valeur d’entreprise (capitalisation boursière + dette nette),  EBITA = Ecédent brut d’exploitation (bénéfice + intérêts de la dette + impôts + amortissements + provisions), Sales = chiffre d’affaires, EBIT = Résultat d’exploitation ( bénéfice + intérêts de la dette + impôts).

En résumé le PER n’est pas infaillible et il ne faut pas s’y fier de manière aveugle.

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