Comment améliorer son image de soi

Philippe est coach et auteur du livre « Soigner vos problèmes d’argent » dans le domaine de l’argent et du développement personnel. Chaque semaine, il publie sur Esprit Riche un article parlant d’argent et de ses secrets que nous avons parfois du mal à comprendre. Voici Philippe !

Notre identité se compose d’éléments très factuels (ceux figurant sur notre « carte d’identité », par exemple) et aussi d’autres plus subjectifs, liés à la perception que nous avons de nous-mêmes. Cette perception a été fortement influencée par les avis, les évaluations, les jugements, les opinions que les autres, souvent des figures d’autorité, ont proféré à notre égard. Positifs ou négatifs, ils commencent généralement par « tu es » ceci ou cela : tu es timide, tu es lent, tu es turbulent, tu es sage, tu es brouillon, tu es ordonné, etc. Ces signes de reconnaissance inconditionnels globalisent une ou quelques observations ponctuelles et les transforment en une étiquette qu’on peut porter toute sa vie. Régulièrement répétées, on finit par y croire vraiment, y adhérer à tel point qu’elles deviennent une partie de notre personnalité, pour le meilleur et surtout pour le pire : parfois, les étiquettes sont des casseroles.

Les étiquettes sont des casseroles

Jean se déclare « timide ». Il dit avoir du mal à s’exprimer dans un groupe (mais peut le faire s’il est sollicité). Dans une soirée, il cherche une personne pour parler et ne va pas la lâcher, car il lui est difficile de s’insérer dans une conversation. Son manager lui reproche son manque d’affirmation dans des discussions avec les clients, mais ses résultats sont similaires à ceux de ses collègues. Quand je parle avec Jean, j’observe qu’il détourne les yeux et est très attentif à mes propos. Bref, Jean est timide, et Jean veut s’en sortir. Son modèle est justement son manager, Eric, qu’il décrit comme très à l’aise, drôle, décontracté, mais aussi bavard et avec une écoute à géométrie variable.

Comment vous passer de ce dont vous croyez avoir besoin

Jean me demande comment devenir « comme Eric ». Je lui ai expliqué comment se passer de « vouloir être comme Eric », et que l’essentiel de ses « problèmes » viennent non pas de sa timidité mais de « vouloir être un autre que lui-même ». Cette étiquette lui colle à la peau ; il en a des souvenirs douloureux, quasi humiliants où on moquait ses rougissements en public. Peu à peu, il a anticipé chaque situation comme étant potentiellement source de dévalorisation et a adopté un comportement efficace de protection : rester en retrait. Je lui ai proposé de remplacer l’étiquette « timide », à forte connotation négative, par une autre, plus neutre et descriptive : « introverti ». Introverti est un profil psychologique, défini par Jung, notamment, qui décrit (entre autre) une personne tirant son énergie de l’intérieur et aimant approfondir les sujets  (par différence avec un extraverti (Eric) qui tire son énergie du contact avec les autres) et va aimer survoler plusieurs sujets).

L’art du recadrage

Ce premier point effectue un « recadrage », il donne un autre sens, positif et utile, à ce qui était précédemment jugé comme négatif et pénalisant. Cette nouvelle définition de soi permet de s’assumer et d’arrêter de consommer de l’énergie pour lutter contre la réalité. On reprochait à Monique d’être lente. Lorsqu’elle a compris que cette lenteur lui permettait de traiter ses dossiers plus en détail, et d’avoir un taux de retour très faible, elle a changé son positionnement de la manière suivante : plutôt que de nier ou justifier sa lenteur, elle est allée dans le sens des « reproches » qu’on lui faisait. Non pas en victime, mais en pratiquant un recadrage : » oui, effectivement, je traite les dossiers en détails ». Monique fait d’une pierre deux coups : elle va dans le sens du courant initié par son manager (plutôt que de rentrer dans un conflit stérile), et en oriente la direction vers une meilleure valorisation d’elle-même. Alors elle devient capable de modifier plus facilement certaines habitudes de travail pour gagner du temps dans le traitement de ses dossiers.

Jouez à l’avocat du diable

Je vous propose un exercice assez drôle, à faire avec deux ou trois amis ou collègues. Chacun votre tour, choisissez un trait de caractère, un défaut qui vous ennuie et présentez le. Ceux qui vous écoutent vont jouer les avocats du diable. L’avocat du diable défend les causes apparemment perdues. En l’occurrence, vos partenaires vont chercher tous les aspects « positifs » d’un trait vécu comme négatif. Il s’agit de développer une sorte de « mauvaise foi », car tout le monde nous a toujours dit que ce n’était pas bien d’être lent ou timide. Le but est de mettre à jour d’autres significations aidantes, et l’effet est d’assouplir un mental souvent très rigide, car accroché à ses représentations. Les avocats du diable de Jean ont mis en évidence ces aspects de la timidité : une écoute attentive, une douceur dans son contact, un respect des autres, une autonomie, un imaginaire développé, autant de belles qualités qu’il n’avait pas envisagé, tellement obnubilé pour son projet de « devenir comme Eric ».

A vous maintenant

Je vous invite donc à partager vos casseroles, à nous en proposer une définition positive et à mettre en avant tous ses avantages. Ainsi vous contribuerez à apporter de la souplesse et de l’estime dans l’image que chacun a de lui. Nous avons vu dans une chronique récente (s’estimer pour réussir) combien cela était important !

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