Désarmer la petite voix intérieure qui vous conseille d’abandonner

Philippe est coach et auteur du livre « Soigner vos problèmes d’argent » dans le domaine de l’argent et du développement personnel. Chaque semaine, il publie sur Esprit Riche un article parlant d’argent et de ses secrets que nous avons parfois du mal à comprendre. Voici Philippe !

Merci pour les très riches commentaires ayant illustré le dilemme que je vous ai proposé la semaine dernière. Vous l’avez bien compris, la réponse qu’on apporte dépend du point de vue duquel on se place, il n’y a pas de vérité. La seule est pour chacun de trouver un système qui marche pour lui, à savoir lui donner la motivation à agir, des indicateurs de mesure des résultats pour suivre sa feuille de route (il n’y a de bon vent pour celui qui ne sait où est le port – Sénèque), et une évaluation finale qui intègre d’autres données, notamment le ressenti pendant et après (le chemin est plus important que le but – Lao Tseu).

Ce qui est finalement crucial, dans la recherche d’un objectif, c’est le temps qui existe entre le début de l’action et la jouissance du résultat. « C’est au pied du mur qu’on voit le maçon », proclame le dicton. En l’occurrence, le mur est l’expérience concrète du changement : c’est la confrontation avec la réalité d’une potentielle nouvelle habitude… dont on sait qu’il faut un certain nombre de répétitions pour l’acquérir. Les résistances sont là !

Nous rencontrons alors notre meilleure ennemie: notre concierge intérieure. Bavarde, qu’elle est ! Prévisible aussi dans son discours qui rappelle la lecture d’un disque 33 tours rayé (pour la plus anciens !). La fonction de cette petite voix, plus ou moins consciente, est de nous détourner de notre but. On peut aussi la voir comme une opportunité de nous éprouver dans nos résolutions à mettre en premier plan ce qui est essentiel. Elle se manifeste par des pensées automatiques « à quoi ça sert, pourquoi tu t’embêtes, tu le feras plus tard, tu vas encore rater, qu’est-ce qu’on va penser ou dire de toi, tu te prends pour qui…. », incitant à l’abandon immédiat. Et comme par hasard, l’environnement va s’y mettre : votre série préférée passe à la télé (j’ai pris conscience récemment de l’expression « chaîne de télévision » et de sa connotation forte en terme d’enchaînement et de dépendance), des amis qui vous proposent une soirée ou une exception à la règle que vous vous êtes donnée (c’est pas grave de reprendre du dessert), des contrariétés ou des « choses » comme par hasard urgentes à faire illico presto, etc. En fait, tous ces évènements extérieurs ne sont que la projection de votre doute, ce cancer de l’esprit, à accomplir ce que vous savez pourtant devoir faire. Le gâchis est assuré !

Ce mécanisme est quasiment inévitable (en tout cas pour moi !) il est vain d’envisager sa disparition avant d’avoir acquis d’autres automatismes de pensée, mais je ne connais personne qui y soit parvenu totalement. Ce qu’il est par contre possible de faire, c’est de laisser votre concierge dans la loge et de la virer gentiment de votre palier, en prenant la position de l’observateur. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de prendre conscience des pensées, mécanismes de diversion et d’échec en prenant de la hauteur pour s’en distancier : « tiens ma concierge me dit que je ne vais pas y arriver, tiens elle frappe à ma porte pour me détourner de mes buts, tiens, ma concierge m’invite une nouvelle fois à la facilité, etc. ». Prendre de la distance implique de se dissocier le plus possible de ces pensées automatiques en les regardant, comme on regarde passer un train ou un nuage dans le ciel. Issues des conditionnements passés, elles constituent ce  qu’on appelle souvent son « naturel ». Quelle drôle d’idée autobloquante : au motif de préserver son naturel (qui n’est que la somme de nos apprentissages à l’instant T), on se prive de possibilités d’évoluer ! Si Jacques et Joël étaient restés « naturels », ni l’un ni l’autre n’auraient pu atteindre ou dépasser les limites qui étaient les leurs.

La position de l’observateur est la clé de la gestion de soi et de ses émotions. C’est un instrument qui s’accorde et s’affute au fur et à mesure de son utilisation. Il nous met face à la responsabilité de nos choix et de notre engagement et invite à une conscience élargie de nos mécanismes d’échec. Cette conscience est la base de nouvelles décisions qui entraineront de nouvelles réalisations. Partagez dans vos commentaires vos différentes manières de « laisser la concierge pérorer toute seule dans sa loge » !

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