Répondre aux questions pièges (et parfois stupides) des recruteurs peut s’avérer délicat. Reconnaissons-le. Lors du processus de recrutement, il arrive que l’on tombe sur des recruteurs posant des questions pièges et parfois idiotes qui n’ont pas de bonnes réponses. En ces temps économiques délicats, voici un petit guide pour ceux qui vont avoir à passer au travers des fourches du recrutement.
Si l’entretien se résume parfois à l’entreprise qui prétend être Barbie et vous qui prétendez être Ken, le parcours n’en reste pas moins semé d’embûches.
Même avec un bon parcours et un CV béton, l’entretien n’est pas sans risques. Et il reste surtout une étape capitale pour mieux cerner le climat dans l’entreprise et mettre en avant vos qualités.
Je me souviens parmi mes premiers entretiens d’embauche être arrivé et avoir été surpris par certaines questions. Si “Où vous voyez-vous dans 5 ans?” est un classique, d’autres questions m’avaient étonné. J’ai noté (en généralisant) qu’il existe 2 types de recruteurs/entreprises.
La première est celle où celui qui vous fait passer l’entretien n’est pas un RH (bien souvent il n’y a pas de service RH dans ce type d’entreprise) et les questions vont plutôt porter sur votre compétence et votre état d’esprit. Souvent ce sera le PDG ou un responsable qui fait passer les entretiens et il y aura moins de petits jeux psychologiques.
La seconde, c’est l’entreprise plus grosse où ce sont des RH dont c’est le métier. Ici on trouve autant des RH hyper-compétents aux questions rentrant dans une évaluation précise de votre candidature que les RH qui posent des questions toujours dans le même ordre et sans réel motif. Clairement, les questions dont je parle ici proviennent plutôt du second cas.
Soyez préparé. Peu importe le niveau de ces questions, ce qui compte c’est le niveau et la sincérité de vos réponses ! Chaque question est destinée à obtenir une réponse que le recruteur n’est pas en mesure d’obtenir directement “Comment avez-vous entendu parler de cet offre” veut dire –> Est ce que notre budget publicité pour le recrutement est bien dépensé ? Avez-vous de la famille ou des connaissances qui travaillent déjà ici ? Etes-vous en recherche active ?…
Pourquoi ces questions ? Même s’il peut s’agir d’une évidence, ne perdez pas de vu l’objectif de ces questions :
Un certain nombre de questions ne sont là que pour vous forcer à faire un choix. Même idiot. En général il n’y a aucune bonne réponse à ces questions et l’information que vous allez immédiatement obtenir, c’est que le recruteur n’est pas une flèche. C’est un avertissement qu’il faut prendre au sérieux et qui doit vous pousser à évaluer d’autres personnes dans l’entreprise pour savoir où vous mettez les pieds. Une entreprise qui filtre les candidats de cette manière n’est peut-être pas l’endroit où vous souhaitez travailler. La réaction du recruteur à votre réponse est un élément clé dans votre évaluation de l’entreprise.
“Qu’est-ce qui compte le plus, l’argent ou l’intérêt du travail ?”
Alors que répondre ? Si je dis l’argent, ils vont croire que je ne viens que pour ça et si je dis le travail, ils vont m’offrir le plus bas salaire possible. Ouch !
“Est-ce que vous préférez travailler seul ou en équipe ?”
Alors, là je dois choisir entre être un loup solitaire ou un numéro dans une équipe ? Aïe !
Pour ce type de questions, l’approche est simple. Elle consiste à sortir du cadre posé par la question et à apporter une réponse globale tout en restant sincère. Il faut autant faire preuve de tact que d’esprit.
Pour la première question il est généralement admis que l’argent ne permet pas de rester motivé longtemps. Il faut que le travail présente un certain intérêt et vous pouvez dire : “Je pense que les 2 sont importants. Les études ont montré qu’un travail qui ne correspond pas à une personne n’est pas motivant quelle que soit le salaire et l’inverse est source de frustration. Donc je pense qu’il faut un équilibre entre ces 2 facteurs”.
Si vous êtes désespéré, vous pouvez aussi dire : je suis prêt à recevoir un salaire légèrement bas pour vous prouver l’intérêt que j’ai pour le travail pendant 3 mois et ainsi m’assurer que je suis fait pour le poste. (à manipuler avec précaution)
Si vous êtes un brin joueur, vous pouvez retourner la question au recruteur : “Il faut que le salaire corresponde au niveau de responsabilité du poste, vous ne croyez pas ?”.
Dans tous les cas, si vous ramenez la question à une expérience négative (certains le font!) comme par exemple “je veux recevoir un salaire correspondant au prix du marché même en dépit de la crise” vous creusez votre propre trou !
A la seconde question, il est aussi évident que vous aurez autant à travailler seul qu’en équipe. C’est l’occasion d’exprimer votre préférence mais aussi de montrer que la réalité sera variée de toute façon : “Je travaille très bien tout seul lorsque j’ai un objectif clair mais j’accorde de l’importance à un poste qui me permet d’avoir un rôle dans une équipe car c’est une source d’émulation essentielle”.
Ce qu’il veut savoir : Est-ce qu’il va partir au bout d’un an ? Est-ce que le métier lui plait vraiment ? Est-il ambitieux ?
La fausse réponse : j’espère être en mesure de contribuer au succès de votre entreprise en ayant gravis des échelons et prouvé ma loyauté.
La réponse sincère : j’espère avoir du succès et avoir réalisé mon rêve qui consiste à m’acheter une île dans les Galapagos où je passerais mon temps à siroter des jus de fruit et à bronzer sur la plage et à ne plus porter des costards à longueur de journée. Et vous ?
L’alternative : je veux devenir la référence dans mon secteur. Il est admis qu’il faut 10 ans pour devenir un expert, je devrais donc être à mi-parcours.
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Ce qu’il veut savoir : Peut-il faire preuve d’esprit ? Est-ce un guignol ? Est-il sûr de lui ?
La fausse réponse : j’ai les qualités de mes défauts euh non j’ai les défauts de mes qualités. Mince, je ne sais plus !!!
La réponse sincère : mon expérience m’a appris que je suis très bon à ceci et cela mais que les tâches du genre ceci ne sont pas ma tasse de thé.
L’alternative : Peter Druker, le gourou du management a écrit en 1967 qu’une organisation ne devait pas essayer de s’attaquer aux faiblesses de ses collaborateurs et viser un même niveau pour tous mais au contraire de laissez leurs forces spécifiques s’exprimer. Personne n’épate en étant moyen en tout, on ne remarque que l’exceptionnel. Laissez-moi vous poser une question. Comment est organisée votre entreprise pour permettre cela ?
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Ce qu’il veut savoir : Est-il parti en brûlant les ponts ? A-t-il du réseau ? Fait-il du bon travail ,
La fausse réponse : il vous dira que je suis quelqu’un de parfait pour le poste.
La réponse sincère : qu’il n’a pas aimé mon départ car j’étais un bon élément mais ça, je ne suis pas sûr qu’il le dira !
L’alternative : je ne sais pas ce que vous espérez de cet appel étant donné que j’ai quitté cette société qui est concurrente de la votre. Dans le meilleur des cas vous aurez une réponse neutre et dans le pire vous aurez une fausse réponse. Je vous suggère de contacter mes collègues qui seront peut-être plus sincères dans leurs avis.
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Ce qu’il veut savoir : Qu’est-ce qu’il connait de notre secteur ? Qu’est-ce qu’il sait de notre entreprise ?
La fausse réponse : vous êtes les meilleurs et je veux être parmi les meilleurs !
La réponse sincère : l’argent ! J’ai croisé l’un de vos collaborateurs qui n’en foutait pas une tout en étant bien payé. En plus, j’aime bien votre logo et vos RH sont toujours bien foutues. J’ai pour ambition de faire toutes les boites de mon secteur et vous êtes sur ma liste.
L’alternative : j’ai côtoyé l’un de vos collaborateurs sur tel projet et j’ai été agréablement surpris par son professionnalisme et par ce qu’il disait de son entreprise.
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Ce qu’il veut savoir : Est-ce une 106 qui essaie de se faire passer pour une Aston Martin ? Est-ce que ça va me retomber dessus ?
La fausse réponse : la satisfaction que vous aurez grâce à la qualité de mon travail.
La réponse sincère : ma voiture de fonction et mon sourire chaque mois quand je recevrais mon salaire.
L’alternative : si l’on arrive à trouver une situation où mes compétences sont utilisées à leurs maximum et où je contribue au développement de l’entreprise tout en progressant moi-même.
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“Pourquoi devrais-je vous choisir ?”
“Si vous étiez un légume, que seriez-vous ?”
“Un projet est en retard et vous devez faire des heures supplémentaires qui ne seront pas payées, que faites-vous ?”
“Racontez moi quand et dans quelle circonstance vous avez eu un désaccord avec votre supérieur ainsi que la manière dont vous avez répondu”
“Décrivez une situation où le client n’était pas content et dites moi comment vous avez géré le problème”
“Quel est votre salaire actuel ainsi que l’ensemble des avantages ?”
“Parlez moi d’un trait de votre personnalité qui n’apparaît pas dans votre CV”
N’oubliez pas votre objectif ! Vous souhaitez exposer l’ensemble de vos qualités et avoir le boulot.
Selon moi, la pire réponse c’est la réponse convenue et creuse. Au contraire, n’hésitez pas à dire ce que vous pensez et à vous démarquer tout en restant dans le cadre de l’entretien.
Si l’on vous demande “Qu’est-ce qui compte le plus, l’argent ou l’intérêt du travail ?” ne partez pas sur la nécessaire rétribution depuis la fin de l’ère communiste, ce serait un peu exagéré 🙂
Vos réponses doivent être précises et assez courtes (30 secondes). Donnez ainsi à chaque fois un élément permettant de remettre votre réponse dans le contexte du poste..
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