Merci pour vos commentaires stimulants suite au premier article sur le temps. Continuons donc comme promis. Ce qui doit nous aider à gérer notre temps est une appréciation juste de sa valeur, puisque cette ressource est consommée instantanément à son utilisation, et qu’elle est limitée pour chacun. A partir de là, voyons comment articuler Chronos (la durée) et Kairos (le moment opportun). Pour gérer son temps, nous avons besoin de deux instruments, une montre et une boussole.
Une montre pour programmer et contrôler
La montre permet de planifier sur son agenda des plages de temps optimales à la réalisation de tâches spécifiques. Pourquoi et comment ?
Avoir une organisation personnelle du type « début, milieu, fin » permet à chaque affaire d’être traitée complètement, et de passer ensuite à autre chose l’esprit dégagé. Les tâches non achevées encombrent notre mémoire et nous donnent le sentiment désagréable d’avoir été improductif. Il est conseillé de regrouper par lots les activités de même nature, pour éviter les temps de remise en route si nous avons été interrompu.
Contrôler le temps passé sur chaque activité en positionnant une heure de début et une heure de fin. Le temps a tendance à occuper tout l’espace disponible si nous ne le bornons pas volontairement. Cela permet d’appliquer la loi de Pareto (20% des efforts produisent 80% des résultats), d’éviter le perfectionnisme et de se concentrer sur l’essentiel.
Fixer les plages optimales pour chaque activité (ou lot d’activité) en fonction d’un arbitrage entre ses priorités (la boussole), ses bios-rythmes (à quel moment de la journée êtes-vous le plus cool et performant pour tel type de tache) et les impératifs relationnels (disponibilité et sollicitations des autres).
Cela nous donne un agenda qui prend en compte le temps que nous planifions nous même et le temps qui « nous est planifié » par les autres. Exemple : 8h8h30 : courriels ; 8h30 9h petit déjeuner de travail, 9h10h réunion de projet, 10h 11h temps disponible aux sollicitations ; 11h12h appels téléphoniques clients et ainsi de suite.
La montre nous place dans la dimension « Chronos ». Cela peut engendrer une forme de rigidité lorsque le temps devient un objectif alors que c’est un moyen (il faut respecter l’horaire de la réunion, alors une question cruciale n’est pas traitée ou on ne vérifie pas que tout le monde est OK pour appliquer une décision).
Une boussole pour se diriger et diriger
Même si on essaie de plus en plus de contrôler notre environnement (lire par exemple « les sociétés malades de la gestion » du sociologue Vincent de Gaulejac), la vie est… la vie et non pas le plan de la vie! Tout au long d’une journée se produisent un certain nombre d’évènements, dont certains dépendent de vous et d’autres pas (interruptions, sollicitations), qui vont obligatoirement déranger votre bel agencement. Il va donc vous falloir utiliser votre boussole.
La boussole finalise vos priorités, l’atteinte de vos objectifs moyens et long terme, le respect de vos valeurs, bref ce qui est IMPORTANT pour vous. Elle contribue à votre planification et vous aide efficacement à faire face à la dictature de l’urgence. Cela nécessite beaucoup d’intégrité pour ne céder à l’urgence, tellement elle devient un mode de fonctionnement standard. La dimension du Kairos n’est pas l’urgence, c’est celle du moment opportun, du meilleur moment pour saisir une opportunité qui risque d’être perdue si on la laisse passer. Lorsque cette condition est avérée, il devient intelligent de remettre en cause la planification de son temps. Et cela est d’autant plus facile à réaliser que nous disposons d’un système de priorité clair et explicite qui va nous permettre de prendre la « bonne décision » (bien qu’une décision ne soit jamais bonne ou mauvaise, elle produit juste un résultat qui nous satisfait ou pas). Donc je préconise de privilégier la boussole à la montre le plus possible.
Votre boussole doit vous permettre de différencier très rapidement l’urgence du sentiment d’urgence. Si cela s’avère insuffisant, ces quatre questions clés peuvent vous aider à y voir vite plus clair : pour quand le faut il précisément (jour et heure) ?, pour qui le faut il ? que gagne-t-on si on le fait maintenant ? que perd-t-on si on ne le fait pas maintenant ?
La semaine prochaine je vous alerterai sur les liens entre le temps et le stress, en lien avec les nouvelles technologies.
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