Rework, Zappos et Linchpin

Voici 3 livres que j’ai récemment lu et qui devraient vous plaire :

Le premier, c’est Rework de Jason Fried. Best-seller disponible en français, il regroupe le point de vue des créateurs de 37 signals, une (vieille) startup bien connue pour la qualité et la simplicité de ses produits. Ce livre est difficile à résumer car il s’agit de conseils courts, souvent d’une page, qui en font une sorte de manifeste pour réussir autrement que ne le font les grosses entreprises. Ce livre est très intéressant si vous voulez créer une entreprise en toute simplicité ou apporter de la souplesse dans votre entreprise.

Ce qu’ils rejettent : la croissance pour la croissance (pourquoi faut-il grossir au juste?), les réunions, la bureaucratie, la publicité, la planification stratégique et les commerciaux. Bref tout le bullshit pourtant si quotidien dans la plupart des entreprises.

Leur modèle profite de la nouvelle réalité internet dans laquelle vous pouvez atteindre des millions de clients, ne jamais rencontrer vos collaborateurs et travailler de manière beaucoup plus souple.

Quelques idées du livres :

  • Pas besoin de travailler 80 heures par semaines pour réussir si vous avez un bon produit.
  • L’échec n’est pas si nécessaire qu’on veut bien le dire, ce n’est pas un préalable à la réussite.
  • Si vous ne savez pas quoi créer, le plus simple reste de répondre à l’un de vos besoins (Dyson ou Nike par exemple).
  • Pour vous différencier de vos concurrents, prenez position et choisissez d’exclure ce qui ne vous convient pas.
  • Soyez “lean” en ne faisant pas appel à des capitaux extérieurs, commencez doucement et construisez étape par étape.
  • Le marketing n’est pas un service de l’entreprise, chaque personne de l’entreprise doit porter le message.
  • N’utilisez pas le terme “ASAP”, il n’y a aucun enjeu qui le justifie : personne n’est en danger de mort.

C’est un excellent livre à lire et à relire régulièrement ! Acheter Rework

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Le second, c’est L’entreprise du bonheur de Tony Hsieh le créateur de Zappos (le modèle copié par Sarenza) vendu pour un montant estimé à plus d’un milliard de dollars à Amazon en 2008. Ce livre est aussi un manifeste pour que l’entreprise place la relation client au centre de ses préoccupations à l’opposé complet des entreprises qui diffusent en boucle “Votre appel est important pour nous, veuillez patienter” pendant vos 10 minutes d’attente et qui sous-traitent votre appel à un service client situé au Maghreb où des gens sont obligés de lire des scripts.

J’ai beaucoup aimé que Tony Hsieh raconte son parcours. Tout petit, il avait la fibre. A 9 ans, il demande à ses parents d’aller chez un agriculteur pour acheter des vers de terre. Son plan ? En faire un élevage. Plus tard, il organise des vides-grenier, il crée un journal, il devient livreur, il fabrique des badges pour enfants. Certaines de ses initiatives ont bien marché, la plupart se sont plantées. A l’école ses parents le poussaient à apprendre à jouer 4 instruments de musique, il devait jouer 30 minutes par jour de chaque instrument et 1 heure le week-end et les jours de vacances. Pour profiter de ses week-end, il s’amuse à passer des enregistrements de ses précédents cours de piano et de violon et gagne ainsi 2 jours sur sa journée !

Plus tard durant ses études, il applique une approche similaire. Bien qu’étant à Harvard, il découvre la liberté d’être autonome et choisi ses cours en fonction de leur position dans la semaine afin de regrouper l’ensemble de ses obligations sur 3 matinées par semaine. Même avec ça, les cours l’ennuient et il finit par ne plus s’y rendre. Il passe son temps à regarder la télé, jouer aux jeux-vidéos et discuter avec ses potes. A l’un des cours, le professeur donne une liste des 100 sujets potentiels qui peuvent tomber à l’examen. Chaque élève aurait 5 sujets à traiter. N’étant pas allé au cours, il lui était impossible de préparer tout cela. Il décide alors d’utiliser le forum de l’école pour distribuer à chaque volontaire 3 sujets. Chaque participant (et seulement eux) aurait la possibilité d’acheter pour 20 $ le document avec les 100 sujets.

A la sortie des études, il trouve un boulot chez Oracle où il s’emmerde. La routine se met très vite en place et malgré des horaires légers (10h – 16h avec une pause de 11h30 à 13h45!) son boulot devient pesant. Il décide de créer une boite de design web avec un ami. Nous sommes en 1996 et l’entreprise décolle rapidement. Très rapidement, quelqu’un leur propose de racheter l’entreprise pour 1 million de dollars ! Ils refusent. L’entreprise se développe et Tony fini par perdre l’envie d’y travailler. Il n’a pas pris le soin de créer une culture d’entreprise et les embauches à tout va ont créé une équipe quelconque. En 1998, ils vendent l’entreprise à Microsoft pour 265 millions de dollars en se promettant de ne pas faire la même erreur. Il y a 40 millions pour lui, il n’a plus jamais à travailler pour de l’argent.

Ensuite, il se lance dans diverses aventures : investissement immobilier, création d’un incubateur… Un jour, quelqu’un vient lui demander des fonds. Il lui présente l’idée suivante : vendre des chaussures par internet. Tony se dit que c’est typiquement la mauvaise idée de business : qui achète sans essayer ? Une phrase l’interpelle dans l’email : le marché est de 40 milliards de dollars et 5 % des ventes se font déjà par correspondance. 5 % de 40 : un marché de 2 milliards existe déjà ! Il décide d’investir.

La suite de l’histoire est tout aussi passionnante. Après l’éclatement de la bulle internet Tony voit ses affaires tourner mal. Tous ses investissements périclitent. Il est obligé de revendre des biens immobiliers à perte. La seule aventure qui semble viable : Zappos. Il en prend le contrôle et décide d’investir tout ce qui lui reste. Le développement de l’entreprise sera douloureux et la faillite s’est parfois joué à quelques jours près mais il réussit à avancer et trouve petit à petit son positionnement sur le marché. Il révèle dans le livre tout un tas de problèmes opérationnels qu’il a dû résoudre pour débloquer son entreprise (avoir des stocks ou non, gérer ses stocks soi-même ou non…).

Zappos adopte une philosophie simple et orientée client. Une anecdote célèbre autour du fait que l’on peut demander n’importe quoi au service client est celle de quelqu’un appelant dans la nuit pour commander une pizza. Une nuit, Tony et un fournisseur rentrent tard à l’hôtel et quelqu’un dans l’équipe avait faim mais le service de chambre était fermé. Tony suggère sur le ton de la rigolade d’appeler Zappos ce que fait une personne du groupe. Même si Zappos ne vend pas de pizza le téléconseiller trouve une pizzeria ouverte et la lui fait livrer. Ils décident d’appeler WHISKY (WareHouse Inventory and Supply) l’entrepôt qu’ils acquièrent au Kentucky. Ils traitent bien leurs fournisseurs en les invitant (pensez à la grande distribution). Ils ne contrôlent pas le temps que passent les conseillers au téléphone avec leurs clients. Ils donnent 2000 $ aux nouvelles recrues si elles décident de partir.

Les exemples et les anecdotes regorgent ! Le livre contient aussi de nombreux emails que Tony a envoyé à toute l’entreprise. Bref un excellent livre à lire pour voir ce qu’est un PDG 2.0 et une entreprise où les choses sont dites de manière simple et ouverte.

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Le dernier, c’est Linchpin de Seth Godin. Le propos du livre est cher à Seth : comment faire en sorte de ne pas être un pauvre rouage remplaçable dans une machinerie mais quelqu’un d’indispensable ? Le monde du travail a changé, il offre de plus en plus la possibilité à nos éclairs de génie de s’exprimer. La question est : le ferez-vous ? Le col blanc est bien souvent toujours en train de faire un travail d’usine seul le cadre a changé : il traite des demandes comme l’ouvrier visse des boulons. Pour se distinguer, il faut s’affirmer. Oui parfois cela peut vouloir dire ne pas respecter un règlement : il faut laisser l’artiste en vous s’exprimer. C’est lui qui est unique.

Vous devez réaliser vos rêves pour vous différencier mais votre cerveau reptilien résiste ! Il a peur et ce n’est pas à l’école qu’on vous apprendra le contraire. Vous devez apprendre à résoudre des problèmes intéressants (ce dernier mot est le plus important!). Le “par coeur” est une perte de temps. L’émotion doit revenir au centre. C’est elle qui pousse les contributeurs de Wikipédia à alimenter le site. Cela va au-delà de livrer son travail, il s’agit aussi d’essayer de changer le monde.

Il n’y a en fait aucune recette pour vous réaliser, tout au mieux des conseils et de bonnes habitudes à prendre. Le discernement est un outil clé tout comme le fait de voir le monde tel qu’il est et d’accepter ce qu’on ne peut changer (et changer le reste). Le don est un autre comportement essentiel, le don de l’art, de l’intuition et de la relation. C’est un effort que tout le monde apprécie. Mettre du coeur à l’ouvrage est le meilleur moyen d’être indispensable.

Un très bon livre, sorte de recueil de conseils pour faire de vous quelqu’un… d’indispensable ! Je regrette le fait que le livre soit un peu long vu la profondeur du contenu (il aurait gagné à être édité), à lire en diagonale.

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