Nous répétons à longueur de stages « créez la vie que vous méritez » que notre manière de penser est le levier essentiel sur lequel nous agissons pour produire notre bonheur ou notre malheur. En voici une illustration issue de l’accompagnement d’une cliente dont la situation a été modifiée pour préserver l’anonymat.
Aurélie est conseil. Elle s’est installée en libéral depuis 2 ans après un parcours de cadre en entreprise et une formation de plusieurs années. Elle a trouvé un cabinet à partager pour recevoir ses clients qui arrivent de manière régulière par le bouche à oreille. Elle est très investie dans son métier et fait partie de différents organismes représentatifs de la profession. Elle est très vigilante au cadre de ses interventions mais fait face à un tout petit, vraiment tout petit, problème : elle n’arrive pas à se faire payer correctement. Soit elle dépasse régulièrement de 30 à 50% du temps la durée des séances sans paiement supplémentaire, soit elle brade son prix de séance « officiel » de plus de 50% au moindre signe que la situation financière de son client le mériterait, sans vérification approfondie, et parfois même le baisse spontanément. Vous imaginez sans peine les conséquences de son comportement sur sa situation financière.
En explorant tous ces éléments avec Aurélie, on arrive aux constats suivants :
Quand tout va bien ou qu’on en parle à froid, Aurélie déclare normal d’être payée le juste prix pour le service rendu, est consciente du lourd investissement financier de la formation et considère normal, pour une professionnelle, de vivre de son métier. Son prix officiel est ajusté par rapport au marché et elle trouve tout à fait normal que ses collègues pratiquent ce type de tarif et respectent leur cadre de travail.
Lorsqu’elle n’est pas impliquée personnellement, elle peut même conseiller ses collègues sur les différents moyens pour se faire connaître et défendre le droit à un revenu décent. Mais lorsque la situation est plus difficile (client présumé moins à l’aise financièrement ou sentiment qu’il reste des points à traiter en séance) et qu’elle est directement concernée, alors elle pense qu’elle doit se « sacrifier » au service de l’autre.
La pensée d’Aurélie est instable
| Mode de pensée | Situation positive | Situation négative |
| Sans implication « Je ne suis pas concernée » | On doit être payé pour ses prestations | On doit appliquer les règles qu’on a définies avec des exceptions mineures |
| Avec implication « Je suis concernée » | L’important, c’est le service rendu au client, quoiqu’il m’en coute en temps ou en argent | L’autre est plus important que moi surtout s’il est dans le besoin |
La caractéristique d’une pensée instable est qu’elle change en fonction des circonstances (temps, lieu, personnes), en dehors de toute analyse objective qui justifierait qu’on en change. La pensée instable est inféodée à des émotions sous jacentes (en l’occurrence, peur d’être rejetée).
Nous avons donc travaillé à mettre en place une pensée stabilisée, propre à faire face efficacement à toutes les situations.
| Mode de pensée | Situation positive | Situation négative |
| Sans implication « Je ne suis pas concernée » | Tout travail mérite une juste rétribution en fonction de ses compétences reconnues et des tarifs pratiqués par la profession | Tout travail mérite une juste rétribution en fonction de ses compétences reconnues et des tarifs pratiqués par la profession |
| Avec implication « Je suis concernée » | Tout travail mérite une juste rétribution en fonction de ses compétences reconnues et des tarifs pratiqués par la profession | Tout travail mérite une juste rétribution en fonction de ses compétences reconnues et des tarifs pratiqués par la profession |
La pensée stabilisée est utile pour sortir de mécanismes émotionnels pénalisants. Sa simple recherche et la formulation qui en découle (identique dans les 4 cases) est déjà un travail de changement qui fait évoluer les croyances et les sentiments. Et ensuite, soutenue par cette affirmation, Aurélie a traversé des zones d’inconfort pour mettre en cohérence cette pensée stabilisée (respect du temps des séances, prix mentionnés sur une plaquette remise au client) avec ses comportements.
Ce modèle de Pensée Instable Pensée Stabilisée est issu de : Jacques Fradin L’intelligence du stress. Eyrolles. « L’exercice agit sur 2 axes : trouver des pensées équivalentes que l’on soit en situation positive ou négative et qu’on soit directement concerné ou non. La pensée sera stable lorsqu’elle sera équivalente dans les 4 cas, en dehors de tout élément pouvant justifier un quelconque changement de pensée ».
Alors, quelles pensées pourriez vous stabiliser ?
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