Vanessa m’a contacté en me disant : “Hey, pourquoi tu ne présentes pas le budget des lecteurs de temps à autres ?”. Je trouvais que c’est une bonne idée car cela permet de voir comment font les autres avec leur argent tout en dédramatisant ce sujet encore tabou. J’inaugure donc cette rubrique où chaque mois vous découvrirez le budget d’une personne. C’est donc un essai. Dites-moi ce que vous en pensez et surtout manifestez-vous pour intervenir à votre tour !
Ma réponse à Vanessa était donc “Ok, tu veux commencer ?”. Elle a accepté, voici ses réponses.
– Peux-tu te présenter ? (seul(e), en couple, lieu de vie…)
Je m’appelle Vanessa, j’ai 30 ans et je vis dans une petite ville. Je suis célibataire et élève ma fille de 4 ans.
– Quelle est ta situation financière ? (qui travaille, niveau de revenus, dépenses, comment tu gères…)
Je me suis installée en Australie à 22 ans. J’étais enseignante là-bas, mais mes revenus étaient plus précaires que maintenant, puisque j’étais payée à l’heure et engagée pour des périodes de 2 à 6 mois, selon l’école où je travaillais.
Je n’y avais aucune protection sociale (arrêt maladie, congé maternité etc…) et il fallait toujours économiser en prévision d’une baisse de salaire.
Je suis revenue en France depuis trois ans. La première année, le retour a été difficile. Je n’avais pas de sécurité sociale, j’étais au chômage et vivait avant 500 euros d’allocation de parent isolé.
Tout va mieux à présent et ma situation professionnelle est stable depuis deux ans. Je suis professeur contractuel et mon contrat est renouvelé annuellement.
Mes revenus (salaires et divers) sont actuellement d’environ 2100 euros net mensuels. Je suis dans une situation privilégiée: étant hébergée, j’arrive à économiser 40% de mon salaire, mais cela ne devrait pas durer à moyen terme.
A mon retour en France, j’ai essayé de me faire une éducation financière en lisant des blogs, des magazines, en demandant conseils à des proches… J’y suis allée par étape, épargne accessible au départ: Livret A et Livrets non réglementées (banques en ligne), puis ouverture d’un PEL, d’une assurance-vie et d’un PEA.
A ce jour, j’ai 9000 euros réparti sur tous ces supports, et aucune dette. J’ai acheté ma voiture cash.
Même si j’aime savoir où j’en suis, je ne fais pas une fixation sur les chiffres. Par exemple, avec mon PEA, je ne suis pas les actions. C’est de l’investissement à long terme.
J’utilise l’application Linxo qui me dit si mes comptes sont dans le rouge, et me prévient en cas de retraits ou de dépôts importants.
Les vacances sont sacrées. Je suis avec des enfants toute l’année, et j’ai besoin de faire des pauses, d’avoir du temps pour moi et retrouver un peu de silence. Je vais à l’étranger deux fois par an. Je suis économe pendant l’année scolaire, mais en vacances, c’est une autre histoire !
– Comment en es-tu arrivé là ? (choix, erreurs, idées…)
J’ai commencé à épargner en Australie, dès que j’ai eu ma première paye, si petite qu’elle ait été !
J’ai toujours travaillé en étudiant (j’ai fait 5 ans d’étude). A 25 ans, j’avais -au vu de mes faibles revenus- mis une important somme de côté. Par exemple, j’investissais systématiquement la totalité de mon « tax return » (les impôts sont prélevés à la source, et en fin d’année fiscale il est possible d’en récupérer une partie grâce aux déductions d’impôts)
Juste avant la crise de 2008, la bourse se portait très bien. J’utilisais le système du « Marging Lending ». Si j’investissais par exemple $500, la banque avançait la même somme, ce qui me permettait d’investir 2 fois plus vite. Chaque mois, je pouvais choisir de rembourser ou d’investir plus. Les taux demandés étaient inférieurs à ce que rapportaient mes placements, j’étais donc gagnante.
L’inflation étant très élevée (et les taux d’emprunt également, mais cela ne me concernait pas, étant locataire), les livrets d’épargne étaient très bien rémunérés, de l’ordre de 8%.
A ce jour, les taux sont toujours meilleurs qu’en France. La petite somme qu’il me reste là bas est placée et ‘bloquée’ pendant plusieurs mois avec des taux allant jusqu’à 4.90%. Les intérêts sont taxés à 10% pour les non-résidents.
Mon principal frein pour épargner plus a été de quitter le domicile parental très jeune, et donc d’avoir dépensé beaucoup en loyer, en vivant dans de grandes villes.
Le fait d’avoir eu un enfant puis de l’élever seule m’a coûté en termes de perte de revenus et de frais de garde. Mon épargne si difficilement gagnée a fondu comme neige au soleil en quelques mois sans activité !
– Quels sont tes objectif avec l’argent en ce moment ? (épargner, rembourser une dette, investir…)
J’ai deux objectifs cette année : reconstituer l’épargne que j’avais avant la naissance de ma fille et protéger mon enfant en cas de disparition ou de perte de revenus. Je regrette de ne pas avoir pris de mutuelle car ma fille a eu des soucis médicaux.
– Quels sont tes objectifs à plus long terme ? (indépendance financière, créer ton activité, acquérir une résidence principale, fonder une famille, augmenter tes revenus…)
Mon objectif à long terme est d’être propriétaire, même si étant seule avec un CDD, je n’y arriverai pas sans un bon apport.
Pour cela j’aimerais augmenter mes revenus. J’ai un peu de temps libre, que j’utilise pour lire (revues et blogs financiers principalement)
Je ne souhaite pas trop bloquer mon argent dans le système français car je vais probablement retourner en Australie.
– Quel est le conseil que tu voudrais partager ou l’approche que tu recommandes lorsqu’il s’agit d’argent ?
Epargner le plus tôt possible. Etablir des buts précis. Dans mon cas, ils sont simples : travailler le moins longtemps possible et voyager. Pour cela, j’ai toujours eu deux types d’épargne : l’épargne accessible et l’épargne bloquée. Une fois le but établi, il faut se connaître et savoir ce que l’on peut sacrifier sans avoir la sensation de se priver. Je n’ai pas hésité à avoir deux jobs étudiants ou à ne pas m’offrir de nouveaux vêtements ou certaines sorties pendant un an pour y parvenir.
Je me paye en premier. Le jour où je reçois ma paie, je vire une somme fixe que je répartis sur mon LEP, mon PEL et mon Assurance-vie. Je connais mes frais fixes (baby-sitter, essence, téléphone, œuvres caritatives etc..), et je me débrouille pour gérer le reste (alimentaire, sorties..).
Cela me force à épargner. J’ai une peur bleue des crédits. Je refuse de m’endetter pour des biens de consommation.
Pour finir, je dirais que la vie est faite d’aléas et on doit accepter de repartir de rien. Les moments difficiles (séparation, perte d’emploi, deuil..) peuvent arriver. Plus que l’argent, les liens sociaux sont primordiaux et pouvoir compter sur sa famille et ses amis en période de coup dur est une vraie bouée de sauvetage.
Ce site utilise des cookies