« Je ne peux pas le faire, je ne sais pas comment, je ne suis pas sûr, j’essaierais plus tard, ce n’est pas le moment, je n’ai pas les moyens, tu peux te le permettre, toi, si j’avais 10 ans de moins, dans d’autres circonstances, cela aurait été possible, si seulement on avait un patron (client, gouvernement, banquier) à la hauteur, il risque de mal le prendre, ce n’est pas dans les habitudes, je vais me faire mal voir, je n’ai jamais appris, je n’ai pas eu le temps… »
Longue litanie qui révèle le discours intérieur de ceux qui orientent leur énergie à trouver toutes les bonnes raisons de ne pas agir. De l’énergie pour bloquer l’énergie, donc : pas étonnant que ça fasse mal !
A un certain niveau, on sait bien qu’on gaspille le temps, et que le train qui passe ne repassera jamais plus. Souvent, le meilleur indicateur est sensoriel : ventre serré, bouche asséchée, mal de tête. Mais il est plus simple d’aller ingurgiter un médicament plutôt que de s’interroger sur les causes profondes de ce symptôme physique.
En fait, chaque excuse renforce notre perception de nos limites et contribue à renforcer les barreaux de la prison que nous avons érigé autour de nous. C’est un processus d’auto validation : il est inconfortable de dire non à son patron. On invoque le fait qu’il va mal le prendre. En réalité, tant qu’on n’aura pas fait l’expérience, on crée une agitation mentalo-émotionnelle tout simplement parce qu’on imagine qu’il va mal le prendre. La réalité est tout autre : il a parfaitement le droit de bien le prendre ou de mal le prendre ! Et quand bien même il le prendrait mal, la discussion serait ouverte et une opportunité de changement deviendrait possible. Ah, mais vous voudriez qu’il vous approuve, et comme vous avez peur du rejet, alors vous vous taisez et ruminez ? En invoquant l’excuse qu’il va mal le prendre pour ne rien lui dire, on se prive d’une opportunité de s’affirmer et de faire valoir ce qui est important pour soi. Au final on renforce sa zone de souffrance tolérable en se répétant qu’on n’a pas de chance avec ce chef-là !
Les excuses montrent de façon convaincante à soi-même (et parfois aux autres qui approuvent de joie d’avoir trouvé un futur complice pour leurs futures excuses) que nous ne pouvons rien faire de plus. Elles renforcement les sentiments d’impuissance, de manque, de limitation qui deviennent une sorte de mode de vie. Avec l’inéluctable conséquence de se décevoir soi-même et de douter encore plus de ses capacités.
Il est crucial de mettre à jour toutes les raisons qu’on se donne pour ne pas respecter un accord ou un engagement, se défiler devant une sollicitation, un défi, une nouveauté ou une proposition. Faites donc la liste de vos excuses favorites et repérez les répétitions, celles que vous utilisez majoritairement. Ensuite à chaque occasion, observez-vous, déconnectez votre mode pensée automatique et mettez un zeste de conscience : de quoi vous protégez vous ? Le danger est-il avéré ou grandement imaginaire ? Qu’allez-vous conforter en invoquant une excuse, qu’allez-vous apprendre ou expérimenter en franchissant l’inconfort et en assumant que vous méritez d’être vous-même ? Et puis ensuite observez comment les autres réagissent et se repositionnent…
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