Je suis de plus en plus frappé de ce contraste saisissant entre la multiplicité des biens de consommations et services qui sont mis à notre disposition et cette insatisfaction de fond qui émerge si souvent. Quelques exemples :
J’apporte à un ami parisien 2 kg des noix du jardin. Il s’exclame, déçu: “oh elles sont petites!”. Je lui réponds, “oui, elles sont plus petites que celles que l’épicier te vend 6 euros le kilo. L’arbre qui me les offre le fait de cette manière, je n’ai pas eu l’idée de le lui reprocher: il fait ses noix naturellement. Je les ai ramassées en pensant à toi et te les apporte. “Ah”, m’a-t-il répondu.
Je rencontre Bertrand lors d’un atelier sur la gestion du stress. Il a 34 ans, est cadre supérieur dans une grande société, marié, 2 jeunes enfants. Il se présente d’une voix lasse, comme accablé. Il le dit d’ailleurs : il s’est endetté pour une maison plus grande (trop grande ?) et se sent ficelé pour 30 ans ! Au fil du stage, il révèle faire partie d’un club sportif et faire de la compétition en équipe, puis être passionné d’œnologie, visiter régulièrement des producteurs de sa région, faire collection de grands crus. C’est un « accro » d’Ebay et il aime arrondir ses fins de mois en achetant/vendant, il sort régulièrement avec ses amis, etc. Une vie que beaucoup ont envié par sa variété et sa richesse, tant familiale que professionnelle, sans parler de l’exercice de plusieurs passions. Quel contraste entre ce qu’il a décrit (qui en a fait rêver plus d’un dans l’atelier) et la manière dont il en a parlé, comme s’il portait tout le poids du monde sur ses épaules. Il persistera dans l’évaluation de l’atelier en mentionnant uniquement le fait que le programme n’avait pas été fait dans l’ordre du support papier! Aucun mot sur les nombreux outils qui ont été transmis…
Je fréquente de manière assez régulière un restaurant gastronomique que j’apprécie, notamment pour son rapport qualité-prix et son accueil « friendly ». Je tombe « par hasard » sur un site portail qui présente ce restaurant et je lis les commentaires très positifs… à l’exception d’un seul qui mentionne : «c’est dommage, absence de musique pour accompagner le repas », sans aucune appréciation de la cuisine. Personnellement, il ne me vient pas à l’idée de reprocher aux organisateurs d’un concert de ne pas avoir prévu de buffet !
Alors voilà ma conclusion : nous sommes gavés, hyper gavés, tout comme les canards gras de l’élevage à côté de chez moi ! Tellement gavés que nous ne portons notre attention que sur ce qui MANQUE. Comment s’étonner alors que nous nous sentions toujours insatisfaits et que nous nous mettions à courir pour nous remplir ? De plus, cette course est vaine car la satisfaction du « nouveau » va très vite être intégrée dans les habitudes et devenir invisible.
Dans « le silence du cœur », Paul Ferrini écrit : “C’est la perception du manque qui bloque l’abondance. En réalité, le manque n’est pas réel. Mais la croyance au manque est réelle. Et c’est la croyance au manque qui rend ce dernier réel ». Nous avons tous cette pensée automatique autour du manque. Elle provoque une insatisfaction permanente dont s’emparent avec habileté les marqueteurs et publicitaires de tous poils, cherchant à nous faire croire qu’avec XXX ou YYY ce sentiment va s’estomper et que nous allons accéder enfin à la plénitude. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.
Est-ce une programmation de notre cerveau dont l’origine serait très ancienne, celle d’un temps où il fallait lutter « à mort » pour rester en (sur)vie ? Il n’y a pas de fatalité : aujourd’hui, faisons un pas de côté et soyons conscients de tout ce qu’il y a, de tout ce que nous avons, de tout ce qui fonctionne, de toutes ces possibilités, de toutes les chaînes de valeur qui nous entourent. C’est je crois une manière forte d’avoir l’esprit riche.
Prenez 2 minutes, seulement 2 minutes et concentrez-vous sur l’abondance. Voir ce que vous avez et non ce qui vous manque, ça vous change la vie !
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