Le besoin d’être conforme


Être conforme est rassurant. Lorsqu’on est conforme, on répond aux attentes des autres – du moins l’attente que l’on suppose. On joue la carte de la sécurité en partant du principe que si on fait ce que les autres attendent, on bénéficie donc de leur appui et de leur soutien : dans tous les cas on ne sort pas du cadre. On pense être à l’abri de la critique puisque l’on est conforme à ce que veulent les autres.

Le conformisme est en nous parce que c’est quelque chose que la société attend de nous. Ne dit-on pas de quelqu’un qu’il est anticonformisme pour mettre en avant le fait qu’il est marginal ? L’école est une formidable machine à conformisme. S’il y a un rôle que tient l’école, c’est bien celui de rendre conforme tous ses participants. L’autre exemple, c’est l’armée : quelle corporation est aussi disposée à faire marcher au pas chacun de ses soldats ? D’ailleurs n’est-ce pas l’objectif d’une corporation que de fixer la norme et la conformité attendue ?

Vous l’aurez compris, être conforme c’est le programme d’une vie. À 3 ans, il faut faire la sieste comme tout le monde sans quoi vous êtes qualifié d’hyperactif. À 12 ans, il faut mesurer telle taille sans quoi vous avez un problème de croissance. À 16 ans, il faut avoir tenté telle et telle expérience sans quoi vous êtes un attardé. À 22 ans, il faut avoir fait tel ou tel diplôme sans quoi vous êtes un raté. À 26 ans, il faut avoir un couple sans quoi vous êtes un souci pour vos parents. Et je pourrais en écrire des tonnes !

Que la conformité soit sociétale ou plus locale, nous vivons souvent pour satisfaire les attentes des autres. Et pour l’argent ?

Et si quelqu’un attendait de vous que vous soyez un mauvais gestionnaire ? Et si quelqu’un attendait que vous soyez un mauvais investisseur ?

Quelle est la phrase que l’on s’attend le plus à entendre ? “Je te l’avais bien dit !”

Pour réussir, il faut faire preuve de conformisme

Un jour, je prenais le métro et quelqu’un faisait la manche après avoir expliqué pourquoi nous devions lui donner de l’argent. En sortant, je suivais ses pas et dès que nous nous retrouvions dans la rue, je le vois dégainer un téléphone portable. Choqué, je réalise que quelqu’un faisant la manche n’est pas cohérent avec le fait d’avoir un téléphone portable : il avait fait preuve d’un anticonformisme néfaste. Pourtant, rien ne m’avait dit combien lui coutait vraiment ce téléphone ni même s’il en avait un besoin que je ne pouvais soupçonner mais le fait est que ce n’est pas ce que l’on attend dans cette situation : l’effet était mauvais.

Aurait-il sorti son téléphone durant son discours ? Certainement pas. Il sait à quoi il doit être conforme et il comprend le risque de ne pas l’être.

Si vous trouvez un mentor de génie, il faudra aussi être conforme. Il faudra répondre à ses attentes pour en tirer un enseignement vous concernant. Le conformisme n’est donc pas forcément négatif : il permet de se rapprocher des gens ayant le même état d’esprit.

…et d’anticonformisme

Peu importe votre position par rapport à celui qui fixe la norme, votre force est de pouvoir en fixer une nouvelle : de décider de ce qui est la norme pour vous. Il y a une frontière fine entre le conformisme à tout va, aveugle, l’anticonformisme doux et la véritable rébellion.

Pour autant, un anticonformisme dosé, souvent appelé de l’audace, est un élément essentiel dans tout accomplissement.

Nous érigeons rarement des monuments avec la mention “Il a fait valider tous ses documents par son supérieur et demandait toujours une autorisation avant d’agir : il a changé le monde.” En fait, si vous n’agissez pas et si vous n’élevez pas votre pouvoir de conscience, vous serez enfermé dans un conformisme puant.

Le pouvoir de votre conscience, c’est simplement le fait de choisir vos combats. Même les grands rebelles sont conformes sur des points bien choisis. Prenez le cas de José Bové par exemple. Il a enfreint la loi en détruisant des champs de maïs mais il s’est montré conforme avec les attentes de la justice de notre pays. L’anticonformisme est aussi un moyen de se démarquer, de faire passer ses idées ou d’être mémorisé.

Le conformisme et l’argent

Avec l’argent le conformisme n’est pas beaucoup plus utile. Certes, il faut être conforme aux règles dans ce domaine (contrairement aux exemples que montrent les plus riches) mais il faut savoir prendre ses décisions en conscience.

Le conformisme, c’est le mouton qui sommeille en vous. La bourse monte ? “C’est le moment d’acheter !”. Elle baisse ? “Oh, c’est la déprime.” Il dicte vos décisions, il vous demande de suivre le mouvement. En fait, le pire qui puisse vous arriver, c’est d’être en dehors du troupeau non ?

Être conforme, c’est accepter sans réfléchir les slogans commerciaux prémâchés : “Louer c’est jeter de l’argent par les fenêtres”, “La bourse prend en moyenne 10 % par an sur le long terme”

Si la norme érigée est d’avoir une France de propriétaires, allez-vous vous jeter sur le premier crédit immobilier dans vos moyens ?

Êtes-vous accro au conformisme ?

Faites-vous partie de ces gens qui préfèrent assurer le conformisme plutôt que rendre le service pour lequel ils sont payés ? Voici un mal que je constate depuis des années : l’état d’esprit du “mieux vaut avoir l’accord de son chef plutôt que de rendre service au client”. Je constate que dans les organisations, la majorité des gens ne choisis pas ses combats et se contente d’être conforme à tout va. Ils oublient ce pour quoi ils sont là : rendre un service à quelqu’un.

Ce qui est terrible, c’est que l’organisation elle-même n’encourage pas les gens à choisir d’être anticonformiste même lorsque c’est dans l’intérêt du client. Chaque niveau hiérarchique doit justifier sa présence en exerçant un pouvoir de maintien du conformisme sur ses sbires mais où cela VOUS mènera-t-il ?

Êtes-vous un accro de la validation ?

Mon sentiment est simple : trop être conforme, c’est tuer votre personnalité et donc c’est devenir un simple pion. Et que fait-on des pions lorsqu’on a plus besoin ? On les vire. Pourquoi garder un pion X lorsqu’on peut le remplacer par un pion Y ? Le pion Y se aussi sage que le pion X. Il viendra faire valider. Il sera conforme à ce qu’on attend de lui. D’ailleurs on ne fera même pas la différence entre leurs réalisation puisqu’ils n’auront pas eu d’espace pour s’exprimer.

La fonction du marketing n’est-ce pas de définir ce qui est conforme et d’y rallier un groupe ?

Le conformisme nous tue. Il détruit notre productivité car il impose des rythmes et des rites sociaux qui n’ont aucun rapport avec les résultats nécessaires pour l’organisation.  Il aseptise relations. Il vous rend plus pauvre en faisant de vous de piètres gestionnaires. Il bride votre créativité.

Faites un choix. Prenez le micro. Mettez en oeuvre vos croyances. Rendez un véritable service au client.

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