La vente et ceux qui vendent (tout comme les riches !) n’ont pas bonne presse dans notre pays. Une solide caricature de cette mauvaise image, c’est Jean Claude dans Caméra Café (génial Yann Le Bolloch), un peu alcoolo, provocateur, dragueur, un peu lourd, intéressé par le cul, le fric (et son camping car), méprisant gentiment ses clients. Vous connaissez aussi le comble du vendeur : vendre un réfrigérateur à un Eskimo. Ces caricatures s’appuient sur des croyances de fond, assez partagées par le corps social, qui produisent une vision de ce rôle et de ceux qui le tiennent : tromperie sur la marchandise, fausses promesses, manipulation voire abus. Non, je ne parle pas de vous en particulier, mais faites juste attention à votre réaction émotionnelle quand un blogger essaie de vous vendre un ebook ou une formation (après vous avoir habitué au gratuit !). Pas l’once d’une réaction? Vous êtes complètement cool avec ça ? Alors ne lisez pas plus loin, ça ne vous concerne pas. Pour les autres, continuez un peu.
Avoir une mauvaise image de la vente quand vous êtes indépendant est tout simplement suicidaire. Je le sais puisque je suis moi-même indépendant depuis 16 ans et que j’ai pris la (bonne) habitude de vendre mes prestations faute de quoi je n’aurai pas survécu. J’accompagne des jeunes indépendants qui se trouvent fort dépourvus lorsqu’ils comprennent qu’il ne leur suffit pas d’être bon dans leur domaine, mais qu’ils doivent le faire savoir pour décrocher des contrats. Et pourtant, que de dévalorisations vivent ils autour de ce mot « vendre » : amalgames avec la prostitution, avec le fait de demander, voire mendier, manque de confiance dans la valeur de ses services, arnaque etc. Pour les indépendants, c’est vite vu. Passons aux salariés.
Avoir une mauvaise image de la vente quand vous êtes salarié d’une entreprise est tout simplement cracher dans la soupe. Grâce à qui votre salaire mensuel vous est versé chaque mois ? Grâce aux Jean Claude de votre boite, qui, outre passer leur temps sur la route, au téléphone ou dans un magasin, sont au contact de l’agressivité, de l’indécision, du revirement, des plaintes fondées ou non, formulées par les clients (parce que les produits que vous avez fabriqués ne tiennent pas la route !). « Nan nan nan, la vente, franchement… moi j’y touche pas, et puis le marketing, maintenant….. ». Mais c’est bien parce qu’ « ils » font le (sale) boulot de vendre ce que vous avez conçu, fabriqué ou géré que vous avez votre virement à la fin du mois !
Finalement, les seuls qui ne seraient pas concernés seraient les fonctionnaires, pour autant qu’il n’y ait pas une offre concurrente dans le secteur privé (L’Education Nationale, Pôle Emploi). Ça réduit donc grandement le panel de ceux qui peuvent s’affranchir de vendre, directement ou par l’intermédiaire de ceux à qui ils ont délégué cette mission.
Alors je comprends qu’on puisse être agacé par des démarches commerciales vécues comme insistantes. C’est le pendant inéluctable de la concurrence entre ceux qui entreprennent sur les mêmes créneaux. J’ai voyagé derrière le Mur de Berlin quand il existait encore. Vous entriez dans un magasin dit d’Etat et vous trouviez un seul type de yaourt (quand il y en avait) emballé dans un pot blanc. Idem pour tous les autres produits. Avez-vous envie de vivre dans ce monde ? Alors respect pour ceux qui vendent, c’est un sacré boulot !
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