Tous ruinés dans 10 ans ?

Voici la chronique proposée par Mona Lisa du blog Le bonheur pour les nuls du livre de Jacques Attali : “Tous ruinés dans dix ans ?”

Vous imaginez-vous devoir négocier chaque année auprès d’une banque des emprunts égaux à 15 mois de vos revenus simplement pour continuer à vivre ?

Non bien sûr… c’est pourtant ce que fait l’état français d’après l’ouvrage de Jacques Attali : Tous ruinés dans dix ans ?: Dette publique : la dernière chance.

“Serons-nous ruinés ? Sommes-nous en train de ruiner nos enfants ? En France, si un coup d’arrêt n’est pas donné au plus vite à la montée de la dette publique, (…)  la prochaine décennie sera tout entière occupée à subir les conséquences des folies de celle qui s’achève.”

Le ton du livre est donné dès la première page par cet économiste et conseiller d’état honoraire. Alarmiste, il commence par dégager les leçons de l’histoire d’un pays qui n’a pas payé sa dette publique à 6 reprises !

Les 12 leçons de l’histoire de la dette publique

1 – La dette publique est une créance des générations actuelles sur les suivantes. Et ces dernières finissent toujours par la payer.

2 –  La dette peut se révéler très utile à la croissance.

3 – Elle pousse cependant  l’état à créer des instruments financiers  qui seront utilisés contre lui par les marchés par la suite.

4 – Elle est condamnée à augmenter si l’état ne réfrène pas sa tendance naturelle à augmenter plus vite ses dépenses que ses recettes. Et oui, l’état est comme vous et moi :  il dépense plus facilement  l’argent qu’il n’arrive à le gagner (ou le collecter).

5 – Les déficits publics intérieurs et extérieurs sont étroitement liés.

6 – Plus la dette publique est financé par de l’épargne interne, plus elle est soutenable.

7 – Les débiteurs tiennent leurs créanciers autant que ces derniers croient les tenir.

8 – Quand il s’approche d’une crise de la dette, l’état pense en général que sa situation est particulière et qu’il s’en tirera.

9 – Le déclenchement d’une crise de la dette dépend plus de la perte de confiance des marchés que du dépassement de ratios définis et mesurables.

10 – La résorption de la dette passe par 8 stratégies :

  1. plus d’impôts,
  2. moins de dépenses,
  3. plus de croissance,
  4. une baisse des taux d’intérêts,
  5. plus d’inflation (solution presque toujours utilisée),
  6. une guerre,
  7. une aide extérieure,
  8. un “défaut” (c’est-à-dire : on ne paie pas la dette).

Aucune autre solution n’existe.

11 – Presque tous les pays surendettés finissent par ne pas payer leur dette. (Les emprunts Russes, ça vous dit quelque chose ?)

12 – Tout état responsable doit s’interdire de financer son fonctionnement par l’emprunt. Il doit en toute logique limiter ses investissements à sa capacité de remboursement.

Le scénario du pire

La ruine de l’occident est un scénario très crédible. Dans l’ordre ou dans le désordre, il pourrait fort bien se dérouler suivant  ces 4 étapes :

1 – Alourdissement du surendettement

2 – Faillite de l’euro et dépression mondiale

3 – Faillite du dollar et retour de l’inflation mondiale

4 – Dépression et effondrement de l’Asie

Si la démesure de la dette peut déclencher ce scénario catastrophe, il faut pourtant savoir qu’il existe une “bonne dette”. Une dette est bonne lorsqu’elle finance des investissements rentables (infrastructures, équipements collectifs, recherche, formation).

Elle est mauvaise lorsqu’elle fait financer par les générations suivantes :

– les dépenses liées aux générations actuelles (retraites)

– les dommages qu’elle a provoqué à son environnement

Or l’occident, puissance déclinante, emprunte à l’Asie pour maintenir son train de vie, mais pas pour préparer son avenir.

Aujourd’hui, les emprunts annuels de la France dépassent son chiffre d’affaire. Chaque français doit aux créanciers du pays 9 mois de ses revenus. Des réformes ambitieuses et difficiles deviennent plus que nécessaires pour éviter une crise majeure.

Des solutions

La gestion de la dette publique devrait être l’enjeu principal des prochaines présidentielles si on ne veut pas que l’état français devienne incapable de financer le fonctionnement des écoles, des hôpitaux, de l’armée, de la police et du paiement des retraites. Des solutions existent cependant, dont les principes généraux sont les suivants :

1 – Réduire les dépenses publiques,  chasser le gaspillage, avoir un service publique plus efficace.

2  – Augmenter les impôts. La question est alors : lesquels ?

3 – Redéfinir ce qui devrait être à la charge de l’état, et ce qui ne devrait pas l’être.

4 – Instaurer des mécanismes de gouvernance capables d’éviter le retour de la mauvaise dette par une modernisation de la comptabilité publique. La décroissance est toutefois une illusion.

5 – Créer des instruments d’emprunts européens (des “bons européens”) pour aider les pays de l’euro et créer un fond budgétaire européen.

6 –  Transformer le FMI en banque centrale planétaire assurant la liquidité et la solvabilité de tous les états. En effet, avec l’interdépendance des économies mondiales, il n’est plus possible de laisser chacun régler seul se débrouiller avec ses problèmes.

Ce livre peut-il être un cadeau de Noël ?

Tous ruinés dans dix ans ?: Dette publique : la dernière chance est indéniablement une bonne idée de cadeau, mais peut-être pas pour votre mamie.

Le livre est très documenté, argumenté et illustré de tableaux et de chiffres qui étayent son propos. Il est accessible pour quelqu’un qui n’a pas forcément de bagages en économie, mais il faut se concentrer à certains passages.

Si le sujet n’est pas très léger, il incite à rester vigilant sur ce qui se passe actuellement. Et si cette histoire de dette publique vous plombe le moral, passez donc sur mon blog pour y lire des articles du style Le guide du bonheur (version zen), 6 conseils de vie scientifiquement recommandés ou Comment être une personne positive :-).

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