Il est une émotion inhérente à l’être humain qui trouve un terrain d’expression de tout premier choix avec l’argent : la peur. La peur a une fonction précise : nous signaler un danger pour nous permettre de prendre la fuite, c’est une réponse quasiment « biologique » que nous avons peu à peu appris à contrôler. « Petit » problème, le danger peut être purement imaginaire, c’est même le cas de la plupart des peurs aujourd’hui, car nos sociétés sont plus sures qu’au Moyen Age (quoiqu’on en dise à la télévision). Les peurs imaginaires sont déconnectées de l’ici et maintenant de la situation (la personne qui angoisse une semaine avant de prendre la parole en public) : on est capable de se créer de vraies peurs à propos de tout et n’importe quoi, notamment lorsqu’on se laisse imaginer le pire. La peur est indicatrice d’un besoin, celui de se rassurer ou d’être rassuré (préparer et répéter son intervention en public).
L’argent et les peurs s’attirent !
Venons-en à l’argent à propos duquel se tissent diverses peurs : celle de manquer (génération ayant vécu la dernière guerre mondiale), celle de perdre ce qu’on possède (les avantages acquis, le pouvoir d’achat, son travail, ses biens !) et même celle de ne pas avoir plus que ce qu’on possède actuellement. Ces peurs sont les parties émergées d’une peur bien plus fondamentale : celle de mourir. Ca, ce n’est pas de l’imaginaire : ça nous arrivera, à vous et à moi. Quand et comment, mystère et boule de gomme ! Et nous bâtissons alors des stratégies ayant pour but de sécuriser notre existence (assurances, contrôles, normes, règles, lois) et nous investissons psychiquement l’argent comme un moyen d’assouvir notre besoin de sécurité. En pure perte, car la vie est un CDI précaire. Certes, grâce à l’argent, nous pouvons nous sentir plus tranquille, mais mettre sa sécurité dans ses possessions matérielles aboutira à de cruelles déconvenues. Parce que cela conduit à 2 types de comportements forts préjudiciables, qui peuvent d’ailleurs coexister chez une même personne.
Êtes-vous plutôt radin ?
La rétention d’argent (avarice, radinerie) qui pousse à amasser sans cesse de l’argent. Utile jusqu’à une certaine limite (c’est l’argent que l’on conserve qui nous fait riche, et non celui que l’on gagne), ce comportement porte en lui son échec. En effet, plus on possède d’argent et plus, de manière logique, on devrait se sentir en totale sécurité (être libre du travail, vivre ou l’on veut, bénéficier des meilleurs soins, être protégé par des gardes du corps, dormir sous une tente stérile )). Mais, paradoxalement, avoir plus d’argent confère encore plus de peur, celle de le perdre. Pour ceux d’entre vous qui avez accumulé un patrimoine : êtes-vous aussi insouciant à propos de l’argent que vous ne l’étiez à vos débuts ? Ne surveillez vous pas les cours de la Bourse et de l’immobilier ? Êtes-vous toujours cool quand vos placements se cassent la figure ? Sans compter qu’avec la rétention d’argent vient souvent une sécheresse du cœur et une pauvreté relationnelle !
En proie à une avidité débordante ?
L’avidité (appât du gain) pousse à toujours vouloir plus, gagner plus, plus de 0 avant la virgule sur ses comptes, au besoin en faisant fi de la loi, en exploitant d’autres humains, en polluant. Le versant « efficace » de l’avidité est de se mobiliser, d’entreprendre, mais rapidement la tendance s’inverse au profit de chacun pour soi, de la spéculation éhontée, du mépris des autres (voir par exemple le personnage campé par Gilles Lellouche dans « Ma part du gâteau »). Ce cycle, une fois lancé, ne s’arrête plus et devient une obsession, car l’avidité ne peut pas être assouvie par l’argent : la peur demeurera toujours si la personnalité ne se transforme pas.
Que vaudront vos billets dans l’au-delà ?
Quand on fait le procès de l’argent, on devrait plutôt faire le procès de ces individus pris dans ces souffrances. Jamais l’argent n’achètera la sécurité de la vie, ni ne donnera la sérénité. La sérénité s’obtient lorsqu’on est en paix avec son passé, joyeux et ancré dans le présent, confiant en l’avenir. La véritable sécurité est à l’intérieure, et la liberté est d’être « désenchaîné » de ses peurs profondes. Alors la vie sera vécue dans la joie et nous pourrons passer tranquillement dans l’autre monde. Votre argent, à ce moment-là, n’aura plus grande valeur (mais vous pouvez toujours vous faire enterrer avec une valise de billets de 500 €, on ne sait jamais !).
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