Warren Buffett et Charlie Munger : 5 leçons pour investir

Warren Buffett est sans aucun doute l’un des investisseurs les plus influents de notre époque. Son palmarès est incroyable, puisque depuis qu’il a repris Berkshire Hathaway en 1965, il a produit un rendement annuel moyen de 19,8 %, contre une moyenne de 9,9% pour le S&P 500. Si vous aviez investi 1000 dollars dans Berkshire Hathaway en 1964, à l’arrivée de Warren, vous auriez aujourd’hui plus de 44 millions de dollars.

Une fois par an, les actionnaires se réunissent à Omaha, notamment pour assister à la séance de questions-réponses de Warren Buffett et de son associé Charlie Munger. Cette année, ils ont parlé de l’état de l’économie, de l’avenir du value investing, de l’IA, de la Chine et même d’Elon Musk.

Ça a duré plus de 5 heures alors j’ai extrait pour vous les 5 leçons que vous pouvez appliquer dès maintenant pour réussir vos investissements malgré l’inflation, la récession et l’avenir incertain.

 

Rendement produit par Berkshire Hathaway par rapport au S&P500, d'après le rapport annuel 2022

Rendement produit par Berkshire Hathaway par rapport au S&P500, d’après le rapport annuel 2022

Conseil #1 : Être confiant dans l’avenir

Le premier conseil, c’est de rester confiant dans l’avenir. Warren Buffett et Charlie Munger expliquent quelle est la meilleure défense contre la récession et comment investir en cette période instable :

Votre meilleure défense contre la récession, c’est votre capacité à gagner de l’argent. Si vous êtes le meilleur docteur, avocat ou professeur de votre ville, ou ne serait-ce que le dixième meilleur, vous allez bien gagner votre vie. L’économie est productive, donc ce n’est pas en stockant de l’argent que vous vous en sortirez, c’est en utilisant vos talents, en vous assurant de continuer à apporter de la valeur à votre communauté, qui est riche dans l’ensemble. Le meilleur investissement que vous puissiez faire, c’est toujours d’investir en vous-même.”

“Nous, on part du principe que ce pays va très bien s’en sortir et que les entreprises vont très bien s’en sortir. Le Dow Jones est passé de 66 à plus de 10.000 dollars juste au cours du vingtième siècle, et ce malgré deux guerres mondiales, la bombe atomique, des épidémies, la guerre froide, etc. L’avenir est toujours rempli de problèmes mais aussi d’opportunités. Et dans ce pays, les opportunités l’ont toujours emporté sur les problèmes, et je pense que ça va continuer de la sorte.”

Charlie et moi, on ne s’est jamais dit “finalement, on va renoncer à cette formidable opportunité juste à cause de facteurs externes”. Et de la même manière, on n’a jamais acheté d’entreprises qu’on jugeait médiocres juste parce que l’avenir paraissait radieux.”

Si Warren Buffett recommençait de zéro…

Warren est si confiant dans l’avenir qu’il n’aurait aucun problème – ou presque – à recommencer de zéro aujourd’hui :

  • Buffett : “J’adorerais recommencer aujourd’hui, avec très peu d’argent en poche, et réussir  – je l’espère – à transformer cela en énormément d’argent. Et Charlie aussi ! Ce ne serait pas exactement comme avant, mais je vous garantis qu’il parviendrait à gagner un argent fou !”
  • Munger : “Ça ne m’emballe pas de renoncer à tout mon argent pour repartir de rien… J’aime bien mon argent comme il est !”
  • Buffett : “On est bien d’accord !”
  • Munger : “Ça c’est sûr, il n’y a pas plus épris de son argent que toi !”

 

Conseil #2 : Éviter les erreurs et profiter de celles des autres

Le deuxième conseil, c’est d’éviter les erreurs et de profiter de celles des autres. Warren l’a donné à un actionnaire qui s’inquiète des bouleversements que certains secteurs vont connaître avec le développement de l’intelligence artificielle et d’autres innovations de rupture.

“L’IA peut tout changer sauf la manière dont les hommes pensent et agissent.”

“Les bouleversements et les nouvelles technologies ne réduisent pas les opportunités, parce que les opportunités viennent des bourdes des autres. Et je dirais qu’en 58 années passées à la tête de Berkshire, on a constaté une recrudescence des bourdes. Les gens font de très grosses erreurs parce qu’ils ont plus facilement accès au financement maintenant que lorsqu’on a démarré.”

“Heureusement qu’on n’a pas réussi à obtenir l’argent nécessaire pour certaines imbécilités qu’on voulait faire !”

Évitez cette erreur selon Warren Buffett

Et justement, pour Warren, l’une des erreurs, c’est de s’endetter.

“Ne faites rien qui puisse vous mettre sur la touche. Vous ne devez jamais perdre le sommeil à cause de vos investissements. Dépensez un peu moins que ce que vous gagnez, parce que si vous dépensez ne serait-ce qu’un tout petit peu plus, vous commencez à accumuler de la dette et vous n’en sortirez probablement jamais. L’exception, c’est pour acheter votre logement.”

C’est ironique parce que Berkshire est le plus gros actionnaire d’American Express notamment !

Warren parle bien sûr ici de la mauvaise dette, celle qui vous appauvrit. A contrario, la bonne dette vous enrichit. C’est quand vous utilisez l’argent des autres (par exemple le financement bancaire) pour investir dans un actif qui vous fait gagner de l’argent. Par exemple, un bien immobilier qui se paye tout seul avec les loyers de vos locataires.

Apple dans le portefeuille de Warren Buffett

Une autre erreur selon Warren Buffett et Charlie Munger, c’est de viser une trop vaste diversification de son portefeuille. Un actionnaire leur faisait remarquer qu’Apple représente désormais une part trop importante du portefeuille de Berkshire (plus de 47 % au 30 juin 2023).

Warren a commencé par rappeler que ce calcul ne tient pas compte de toutes les filiales de Berkshire. Au global, Apple ne représente pas 47 % de la société. Ils ont ensuite expliqué pourquoi ils avaient beaucoup investi dans Apple :

Apple est différente des autres sociétés dont nous possédons des parts. Elle est meilleure et on y est donc très investi mais on n’y a pas mis plus d’argent que dans notre compagnie de chemin de fer par exemple. Et pourtant Apple est meilleure. Notre compagnie de chemin de fer est une entreprise de grande qualité, mais elle est bien loin d’être au niveau d’Apple. Apple a une position privilégiée auprès des consommateurs. Les gens vont payer 1500 dollars pour leur produit, un téléphone par exemple, et s’ils doivent se passer d’une deuxième voiture pour pouvoir se payer leur téléphone, ils le feront. C’est extraordinaire. Aucune de nos filiales n’a cet avantage. Mais on est vraiment très contents d’avoir 5,6 % d’Apple. Et chaque fois que le cours de l’action monte d’un dixième de pourcent, 100 millions de dollars viennent s’ajouter à notre part des bénéfices.

Charlie Munger met en garde contre cette erreur

Puis Charlie Munger a précisé :

L’une des inepties enseignées aujourd’hui à l’université, c’est qu’il est absolument indispensable de diversifier considérablement son portefeuille quand on investit en bourse. C’est ridicule. Ce n’est pas si simple d’identifier une multitude de bonnes opportunités. Et si je ne peux en trouver que trois, je préfère investir dans ces trois-là que dans des titres moins bons. Il y a des gens qui n’arrivent pas à distinguer le bon du mauvais, et ils finissent par se convaincre qu’un investissement est meilleur qu’il ne l’est vraiment. Je pense qu’on fait moins d’erreurs que d’autres grâce à cette approche. Et c’est une véritable aubaine pour nous.”

“On n’est pas si intelligents que ça, mais on est conscients de nos limites, et ça, c’est un aspect fondamental de l’intelligence pratique. Il y a plein de gens qui ont un QI très élevé et qui se croient plus intelligents qu’ils ne le sont réellement. Ça les rend dangereux. Si vous connaissez bien les limites de vos capacités, vous devriez ignorer presque tout ce que les experts disent sur la diversification de portefeuille.”

 

Conseil #3 : Investir sur le long terme

Le troisième conseil, c’est d’investir sur le long terme. Warren Buffett explique que les gens ont tendance à se focaliser sur le court terme. C’est particulièrement visible dans la manière dont les bilans des entreprises sont présentés aux investisseurs. Lui n’est pas inquiet pour l’avenir :

“Si vous regardez le bilan du vingtième siècle, vous vous dites que c’est impossible de ne pas en avoir profité pour acheter des actions. Et pourtant, plein de gens ont tout perdu entre 1929 et 1932. Mais en réalité, si vous aviez conservé vos actions, que vous les aviez achetées sans vous endetter, vous auriez eu un rendement tout à fait correct.

Et effectivement, ça se vérifie. On va aller sur un outil comme Portfolio Visualizer pour backtester la performance d’un portefeuille. On va se dire que vous aviez investi 10.000 euros dans de grandes capitalisations boursières en 1972 et vous n’y avez plus jamais touché depuis. Ajusté de l’inflation, vous voyez que vous auriez aujourd’hui un portefeuille de plus de 200.000 euros. 

Valeur d'un portefeuille boursier à travers les crises

Valeur d’un portefeuille boursier à travers les crises

Il y a bien eu des moments où votre portefeuille aurait perdu jusqu’à 50 % de sa valeur, par exemple entre novembre 2007 et février 2009. Mais vous auriez récupéré votre capital dès août 2012 et il aurait plus que doublé depuis.

Conseil #4 : Investir dans des actions sous-valorisées

Le quatrième conseil, c’est d’investir dans des entreprises sous-cotées. L’une des grandes influences de Warren Buffett, c’est l’investisseur Ben Graham, connu pour être le père fondateur du value investing. Charlie Munger partage une anecdote à ce sujet :

“Plus de la moitié du retour sur investissement de Ben Graham provenait d’une seule entreprise, qui se trouve être une filiale de Berkshire : il s’agit de Geico. À l’époque, il y avait plein d’entreprises pourries pas chères du tout. Vous pouviez faire des petites plus-values en vous positionnant dessus. Mais Ben Graham doit la majeure partie de ses gains à une action de croissance, une formidable entreprise qui était sous-cotée. Et c’est quelque chose que nous avons fait maintes et maintes fois.”

Charlie a toutefois prévenu que les rendements allaient baisser, car il y a un intérêt croissant pour ce type d’investissement mais les opportunités se font plus rares. Il a d’ailleurs fait remarquer que Berkshire gagne moins d’argent désormais.

Comment Warren Buffett saisit les bonnes affaires

En tout cas, pour pouvoir saisir ces opportunités, Warren conseille d’avoir de l’argent disponible. C’est selon lui la seule manière de pouvoir se positionner rapidement sur les bonnes affaires. Et c’est encore plus vrai si les opportunités se font plus rares.

Berkshire reçoit plus de 6 milliards de dollars en dividendes chaque année. Mais paradoxalement, la société ne verse aucun dividende à ses actionnaires, précisément parce qu’ils veulent avoir des liquidités disponibles pour faire de bonnes affaires.

“Nous, ce qu’on aime vraiment faire, c’est acheter des entreprises de qualité. Si une entreprise est en vente pour 50, 75 ou 100 milliards, on peut l’acheter.”

“Il n’y a pas grand monde en mesure de se positionner comme nous pouvons le faire, lorsque les bonnes conditions sont réunies. Il y a des entreprises très correctes qui ont des structures d’endettement délicates. Lorsque les prêts arrivent à échéance au mauvais moment, c’est là qu’elles décrochent le téléphone. Je pense à Tiffany & Co., Harley Davidson, à plein de sociétés en 2008, etc. Et ce genre de situation se reproduira. Est-ce qu’on recevra l’appel ou pas ?  On ne sait pas, mais dans des cas comme ça, on n’est pas nombreux à pouvoir être appelés.”

Warren considère qu’une autre manière de rémunérer ses actionnaires, c’est à travers le rachat d’actions.

“On considère que le cours de l’action Berkshire est actuellement inférieur à sa valeur. Ça peut être une manière de redistribuer les bénéfices. Si la situation du marché est telle qu’on peut racheter pour 50 milliards de nos propres actions, on le fera.

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Conseil #5 : Investir simplement et raisonnablement

Le dernier conseil, c’est d’investir simplement et raisonnablement. Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils pensaient d’Elon Musk, Warren Buffett et Charlie Munger sont formels. C’est quelqu’un d’extrêmement brillant et talentueux, mais son style d’investissement ne leur correspond pas.

  • Munger : “Il n’aurait pas accompli tout ce qu’il a réussi à faire s’il ne se fixait pas des objectifs excessivement démesurés. Il aime s’attaquer à l’impossible. Nous, on est différents. Warren et moi, on cherche les projets faciles.
  • Buffett : “Si on peut les faire sans trop se fouler, c’est encore mieux !”
  • Munger : “On n’a pas du tout la même approche.”
  • Buffett : “Pas du tout, non. Mais on ne veut pas être en concurrence avec Elon.”
  • Munger : “Il échoue trop souvent.
  • Buffett : “Ça accapare toute ta vie, ça n’est pas pour nous. Mais Elon va accomplir et a déjà accompli de grandes choses. C’est juste que ça demande un certain… “fanatisme” n’est pas le mot…”
  • Munger : “Si, si, c’est le mot.”
  • Buffett : “Pas tout à fait ! Mais disons que le dévouement nécessaire pour résoudre l’impossible serait une vraie torture pour moi et Charlie. J’aime mon style de vie. Je n’aimerais pas être à la place d’Elon, de même qu’il n’aimerait pas être à la mienne.

Conclusion

Cette séance de questions-réponses de Warren Buffett et Charlie Munger confirme la stratégie des deux associés. Et c’est cette philosophie d’investissement qui a guidé leur succès exceptionnel, même dans les périodes de crise et d’incertitude.

Les points clés à retenir :

  1. Restez confiant dans l’avenir et investissez en vous-même pour surmonter les périodes d’incertitude économique.
  2. Évitez les erreurs coûteuses, en particulier l’endettement excessif, et profitez des erreurs des autres pour trouver des opportunités.
  3. Adoptez une perspective à long terme et ignorez les fluctuations à court terme pour bénéficier de la croissance.
  4. Cherchez des entreprises sous-valorisées et gardez des liquidités pour saisir rapidement les bonnes affaires.
  5. Privilégiez une approche simple et raisonnable en investissant dans ce que vous comprenez.

À vos investissements !

Retrouvez ces 5 leçons en vidéo avec les extraits traduits des réponses de Warren Buffett et Charlie Munger :

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Commentaires 3

  1. Toujours des conseils remplis de bon sens de l’Orable d’Omaha.

    Néanmoins, beaucoup d’investisseurs connaissent ces conseils, mais ne les appliquent pas au quotidien, ou du moins sur le long terme. Il n’y a qu’à regarder toutes les bulles qui se sont formés.

  2. Ils sont exceptionnels, mais ont appartenu à une époque bénie.
    Croissance, babyboom, monnaie dette, QE…
    Ils avouent tout de même que c’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui, sans donner de vraies solutions. Nous somme entré dans une économie dirigée.
    La diversification est nécessaire pour détenir des actifs à long terme et ne pas tout avoir sur un compte courant.
    La part active de votre portefeuille dédié aux actions, peux elle, reprendre les préceptes des deux illustres. Du cash flow de la création de valeur et vos actions cotées se porteront surement bien.
    Bien à vous.

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