Travailler ou oeuvrer ?

Philippe est coach et auteur du livre « Soigner vos problèmes d’argent » dans le domaine de l’argent et du développement personnel. Chaque semaine, il publie sur Esprit Riche un article parlant d’argent et de ses secrets que nous avons parfois du mal à comprendre. Voici Philippe !

La critique détaillée du livre « Early Retirement Extrême » a suscité de vifs et abondants commentaires, justifiant ainsi pleinement le travail de Michael. Entre enthousiasme, analyse « rationnelle » de la promesse du livre et scepticisme, les lecteurs ont partagé des points de vue et des émotions d’une grande diversité. Plutôt que des réponses, cela m’évoque des questions.

Des questions, toujours des questions…

L’indépendance financière peut-elle être considérée comme un but dans la vie, qui nécessite alors de mettre en place des moyens radicaux (comme ceux préconisés par Jacob Lund Fisker) pour l’obtenir ? Ou bien est-elle un moyen qui permet de s’affranchir de l’échange de son temps contre de l’argent (mais pour quoi faire de son temps ensuite)? Jusqu’où chacun est-il prêt à aller, quels comportements et mode de vie est-il prêt à adopter pour cette quête du Graal ? L’indépendance financière est-elle possible pour certains seulement ou pour tout le monde, et sur quels critères ? Est-elle un mythe ou un gadget qui enrichit ceux qui en font la promotion ? Quelle(s) alternative(s) y a-t-il à notre société d’hyperconsommation ? Peut-on vivre en autarcie et comment ? A ces questions, autant de réponses que de répondants. En ce qui me concerne, j’ai été questionné sur un point, celui de la place et du rôle du travail.

Le déclin de la retraite classique

Le « concept » d’indépendance financière existe depuis longtemps : la perception d’une retraite, pour laquelle on a cotisé de longues années, doit nous laisser à l’abri du besoin alors que nous ne travaillons plus. Beaucoup ont l‘intuition que cela ne marche plus : le mode « franco-français » de répartition est devenu obsolète et l’Etat Providence est au bord de la faillite. Il convient donc d’anticiper par des stratégies personnelles de capitalisation, en phase avec l’individualisme croissant qui caractérise les sociétés riches. Je trouve cette attitude sage ainsi que les raisonnements et comportements qui en découlent : maitrise de ses dépenses et créations d’actifs diversifiés qui diminuent jusqu’à l’annuler la dépendance aux revenus du travail.

Votre vie à la plage ?

L’indépendance financière est aussi « marketée » comme une libération du travail lui-même. Enfin, nous allons pouvoir occuper notre temps à autre chose qu’à travailler. Et il n’y a vraiment que les « grosses truffes » pour continuer à bosser alors que des « business d’enfer » garantissent des revenus de Directeur Général en travaillant quelques heures par semaine ! Soit, mais pour quoi faire ? On dirait des publicités de la Française des jeux : les gagnants sont en maillots de bain, bronzés toute l’année et libres de toute contrainte. Est-ce que cela vous fait rêver ? Oui bien sûr ! Aimeriez-vous que votre vie devienne une carte postale permanente ? Pas si sûr…

Nous voulons du sens !

Il conviendrait donc de travailler pour se libérer du travail rémunéré afin de pouvoir faire ensuite ce que l’on veut/aime. Personnellement, je préfère la ligne directe aux détours : le rêve est le plus court chemin d’un point à un autre. L’être humain a besoin de sens. Il en trouve à travers des créations (famille, entreprise, art, projet, idées, métier…) dans lesquelles il va se rencontrer, se dépasser, grandir, apprendre (versant « égoïste ») et contribuer à ce que le monde soit meilleur qu’il n’est aujourd’hui (versant « altruiste »). Le travail peut être un excellent pourvoyeur de sens. Pourtant, dès son étymologie (tourmenter, torturer avec le « trépalium » -instrument de torture emblématique du génie humain-) le travail est associé à la souffrance. Cette souffrance, d’abord physique, est devenue psychique et je comprends bien qu’on veuille y échapper par tous les moyens, dont l’indépendance financière.

Tous créateurs ?

Pour que le travail soit effectivement un vecteur de sens, il faut le transformer en « œuvre ». Œuvrer plutôt que travailler m’apparait être un challenge bien plus excitant que de compter chaque jour les centimes d’euros que je n’ai pas dépensé, dans un mode de quasi-survie. Celui qui œuvre « travaille » dans la joie et la coopération ; il réalise par ce biais quelque chose d’utile pour lui et pour les autres. Il en reçoit une juste rétribution par l’argent qu’il va remettre en circulation (fonction d’échange) pour créer ainsi d’autres richesses. Tout est question de choix : faire tout soi même (et c’est du boulot finalement mal payé !) pour ne pas avoir besoin d’un emploi rémunéré ou se doter d’un job épanouissant et justement rétribué pour faire faire par d’autres ce qu’on ne sait pas ou ne veut pas faire soi-même (par ex, ses vêtements). La création d’une entreprise indépendante peut permettre de se libérer de ce dilemme et prendre le meilleur de chaque option. Elle s’insère aussi dans les stratégies individuelles pour faire face aux défis de la vie. Le nombre croissant de ruptures conventionnelles du contrat de travail et d’immatriculation d’auto-entrepreneurs en est l’illustration.

 

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Commentaires 14

  1. Absolument !!!

    Et c’est une des raisons du mal-être dans le travail :

    De + en + nous avons le sentiment de ne rien créer du tout !

    Les tâches sont devenus segmentées, il faut suivre les procédures, les personnes sont interchangeables, on ne voit qu’un petit morceau de la chaine, nous sommes des centres de couts ou de profits et nous n’éprouvons plus aucune fierté dans notre travail car de toute façon nous n’en avons aucune vision d’ensemble ou alors le seul leitmotiv n’est pas la qualité du travail ou de la relation, mais faire du chiffre !

    C’est aussi une conséquence de l’abondance des métiers de services par rapport aux métiers industriels : dans les métiers de services, on ne créé rien du tout. Il ne reste que la relation avec l’autre, qui est de – en – qualitative (toujours plus vite, toujours plus rentable).

    Il y a une perte de sens exactement comme vous le décrivez dans votre article.

    Donc les gens se rattrapent en allant chercher le bonheur en consommant, pour parfois s’apercevoir que ça n’a guère de sens non plus…

  2. Tout à fait d’accord. L’IF nous libère du temps, nous permet de passer plus de temps à faire des choses que l’on aime, et du coup d’être beaucoup plus enthousiaste à la vie…

  3. Avoir des buts permet de mieux gérer son temps. L’IF permet donc de mieux répartir ses charges de travail et de tendre vers quelquechose au lieu de se laisser porter

  4. Bonjour Philippe

    Merci pour cet excellent article. Intéressante analyse sur la recherche du bonheur – créer une entreprise, une famille, c’est atteindre le haut de la pyramide de Maslow.

    Tu as aussi raison de dire: pourquoi faire. Entre travailler su des projets intéressants et faire du zapping car je m’ennuie, je choisis la solution 1.

    Je plussoie pour la retraite. A lire aussi:
    http://www.candix.fr/2010/12/pourquoi-la-retraite-par-repartition-va-disparaitre/

    Seul point ou je ne suis pas d’accord. L’auto-entrepreneur. Tout le modne n’a pas la culture pour se gérer soi même, et l’auto-entrepreneur n’est pas adapté à certains jobs nécessitant un apport en capital lourd. Si en plus, c’est pour être auto-entrepreneur et multiplier les heures en restant dans la rat-race. Je ne suis pas pessimiste, mais tout n’est pas tout rose ni tout noir.

    Une formation au business peut être pas mal avant. Sinon un petit article de ma part:
    http://www.candix.fr/2011/04/devenez-un-auto-entrepreneur-a-succes/

    1. Oui, Martin, je te suis sur auto entrepreneur, ça a ouvert une brèche, c’est ça que je retiens, ça permet de créer une activité indépendante “sympa” mais pas véritablement une entreprise. Le souci, c’est que le “metier, la production” (généralement maitrisée) ne represente que 50% de l’actvité, il faut vendre, gérer, entretenir sa motivation, se former, rézeauter, balayer son home office etc….Si le projet est d’ampleur et qu’il y a peu d’expérience, oui une formation est bienvenue. je vais de ce pas (!) lire tes articles

  5. Votre article m’a vraiment plus. Car je crois que certaines personnes oublient l’essentiel qui est de donner un sens à sa vie et d’œuvrer pour l’accomplissement de soi et de laisser un héritage pour l’humanité après sa mort
    Il y a certaines personnes qui voient leur travail comme ne faisant pas parti de leur vie mais plus tôt comme un calvaire qui ne leur sert qu’à apporter l’argent dont ils ont besoin. Alors, ils cherchent tous les moyens pour y passer le moins de temps à défaut de se considérer comme de la rate race (conception de Tim Ferriss).
    Alors que pour les gens qui donnent du sens à leur vie, ils savent que tout leur temps (que ça soit au travail, en famille ou dans les moments de loisir) doit être passée à œuvrer pour l’accomplissement de soi et l’amélioration de la vie d’autrui
    Et concernant l’IF, je cois que ce n’est pas sage d’être dépendant d’un seul revenu (uniquement de son salaire) car pour garantir sa sécurité financière et économique tous les experts recommandent de diversifier ses sources de revenus et de bien gérer ses finances

  6. L’indépendance financière est un sujet à la mode. Il y a quelques dizaines d’années c’était moins dans l’air du temps car le travail était abondant et on pouvait faire carrière dans une entreprise jusqu’à la retraite. Aujourd’hui le travail est précaire, le stress est omniprésent et les conditions de travail pas formidables donc il est normal que les salariés perdent leurs repères. Le chômage fait également peur. L’indépendance financière devient alors une sécurité et permet de choisir l’activité de son choix.

  7. Il y a un point qui me choque dans cet article, c’est la simplification travail=argent.

    Et qu’il n’y a de solution que par le travail

    La phrase suivante résumé cet état des choses :
    “Tout est question de choix : faire tout soi même (et c’est du boulot finalement mal payé !) pour ne pas avoir besoin d’un emploi rémunéré ou se doter d’un job épanouissant et justement rétribué pour faire faire par d’autres ce qu’on ne sait pas ou ne veut pas faire soi-même”
    Votre opinion est qu’il vaut mieux avoir un bon salaire et faire travailler les autres, la mienne est le pur opposé : il vaut mieux avoir un salaire plus bas mais être capable dans davantage de domaine.
    C’est d’ailleurs un peu l’idée du livre “Early Retirement Extreme”.

    1. Question de choix et d’affinité personnelle. De mon point de vue, pas de vérité. Le “juge de paix” est: “comment vous sentez vous quand…” Un autre élément est la différence de taux horaire entre la rémunération de votre travail et celle des personnes que vous employez. Si en plus vous adorez ce que vous faites….

  8. @ Philippe: Merci 🙂

    Je précisais ca, car les gens s’imaginent souvent que monter une boîte c’est facile, en ne voyant que la prestation proposée, en oubliant tout le côté technique – marketing, finance, compta, prospection… – qu’ils ne voient pas. Négliger ca est une grave erreur pour celui qui souhaite se lancer non?

    1. Oui tout à fait, par ex, je travaille pas mal avec des coachs, des naturopathes, des conseils qui ont suivi des formations sur leur métier mais ne savent pas comment s’y prendre pour trouver des clients et gérer leur affaire ! et sans clients ni gestion, pas d’entreprise!

      1. Post
        Author
  9. Il n’y a qu’a voir Michael: Ballmer (le technico) + Gates (le commercial de génie) = Microsoft.
    Jobs (le commercial) + Wozniac (le technicien) = Apple

    Larry Page + Serguei Brin…
    Bref, si on se rappelle que

    SUCCES = TECHNIQUE * COMMERCIAL

    Mieux vaut être à 20% dans chacun des deux que 100% dans l’un et à 0% dans l’autre (puisque même génial dans un domaine, si on vaut 0 dans l’autre, une multiplication par 0 donne 0 succès)

  10. Je trouve cet usage du terme “oeuvrer” très enrichissante et valorisante.

    Certains parlent de créer de valeur, de donner un sens … Oeuvrer résume tout cel.

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