Lorsque votre thermostat financier régit votre vie (ou pourquoi vous ne gagnez pas plus)

Philippe est coach et auteur du livre « Soigner vos problèmes d’argent » : argent et développement personnel. Chaque semaine, il publie sur Esprit Riche un article parlant d’argent et de ses secrets que nous avons parfois du mal à comprendre. Avec Sylvie et Philippe, nous avons créé le séminaire Créez la vie que vous méritez : une expérience unique pour obtenir ce que vous voulez de la vie. Voici Philippe !

La semaine dernière, j’ai rencontré Jacques et nous avons parlé argent. Il est indépendant et fait entre 15000 et 20000 euros de bénéfice par an, cela depuis environ 15 ans qu’il est installé. C’est peu me direz vous, mais cela a un gros avantage pour Jacques : il n’est pas ou peu imposé. Jacques à une phobie des impôts, que ce soit Nicolas ou François qui les collecte. Cette phobie lui vient de scènes difficiles, vécues dans son enfance, où ses parents se déchiraient à ce sujet. Jacques ne participe pas à la croissance de la Nation (c’est ce que je me dis quand je signe mes chèques au Trésor Public). Mais Jacques s’en fout. Il est d’ailleurs soutenu par son expert comptable qui lui explique qu’ « il faut dépenser ». Alors il change d’ordinateur chaque année : son « seul luxe ».

Jacques vit très modestement, c’est facile pour lui, il est habitué (dit-il). La température de son logement est à 15° et il la monte à 17° quand il a des invités (ça chauffe !). Par chance il a des convecteurs électriques et peut piloter son système au degré près. Il mange essentiellement du riz, des légumes et des fruits. Célibataire, il adore les « petits concerts » gratuits ou à moins de 10 euros.

Son mode de fonctionnement emprunte à la simplicité volontaire : Jacques a des convictions qu’il assume et met en pratique dans sa consommation. Mais il a aussi appris à refouler besoins et désirs s’il faut sortir de l’argent. Avec ses revenus, il a un peu épargné, mais sa situation patrimoniale est plutôt florissante car il a perçu, en plusieurs fois depuis 10 ans, environ 300000 € d’héritage. De quoi mettre du beurre dans les épinards. Mais Jacques préfère les courgettes. Jacques a une « stratégie immobilière » et veut acquérir un local professionnel qu’il pourrait utiliser pour son métier et mettre en location (plutôt intelligent financièrement) et acheter sa résidence principale (à comparer avec son loyer actuel). Mais, m’a il dit, le marché immobilier est en « transition », et les prix vont surement évoluer. Jacques attend donc que « les prix baissent encore plus ». Il suit chaque jour des indicateurs, des annonces sur des sites, mais n’a jamais mis les pieds chez un agent immobilier.

Alors il fait fructifier son pécule. Il a été très mécontent de perdre 3000€ avec un PEA géré par son banquier, sur lequel il avait investi 10000€. En fait l’argent n’est pas perdu, c’est une moins-value, le PEA étant toujours actif (difficilement entendable par Jacques, il a « perdu »). Comme depuis cette déconvenue, il n’a plus confiance en personne, il fait la chasse aux taux promotionnels des livrets accessibles par le Net et en détient dans plus d’une dizaine d’établissements !

Je vous avoue qu’après avoir essayé de donner quelques idées à Jacques, j’ai rapidement renoncé devant la cristallisation de son système de pensée. Jacques possède en fait plus d’argent que son système de croyances est capable de gérer. Son esprit est programmé sur un mode « vie modeste », et tout est modeste dans sa vie : son train de vie, sa réussite professionnelle, sa vie sentimentale. L’argent dont il dispose objectivement n’y fait rien et n’y fera rien s’il ne s’attaque pas au noyau dur de sa vision de lui-même et du monde. Jacques illustre le décalage entre une situation financière objective (tout le monde n’a pas 300 000 € de patrimoine) et le sentiment qui en découle : le sentiment d’abondance n’a rien à voir avec une somme d’argent ou un patrimoine mais avec une confiance en soi et en la vie qui permette de s’engager, de prendre des décisions et d’assumer une inévitable part de risque.

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