Les salariés sont comme des chiens en laisse

Récemment, je discutais avec un ami du statut de salarié et de ses conséquences. Je connais cette personne depuis longtemps et c’est quelqu’un que je considérais comme très poli et courtois, quelqu’un qui n’avait jamais un mot plus haut que l’autre. Au détour de notre conversation, voici ce qu’il me dit :

Etre salarié, c’est un peu comme être un chien en laisse attaché à son poteau et attendre qu’on vienne nous servir la pâtée tous les jours

J’étais très étonné de sa métaphore et elle me mettait presque mal à l’aise mais si l’on passe les réactions politiquement correct (non évidemment que les salariés ne sont pas littéralement des chiens!), l’image met en évidence certains points capitaux. Il compléta sa première phrase en ajoutant :

“lorsque tu es non-salarié, tu es comme un loup. Tu dois trouver comment te nourrir, personne ne viendra t’apporter de la pâtée”

Gagne de l’argent ou meurs. Simple non ? Ceci me rappelle évidemment l’image de la dinde que le fermier vient nourrir tous les jours sauf qu’un beau matin ce n’est plus pour lui donner à manger qu’il vient mais pour la tuer, image utilisée par Nicolas Taleb dans Le Cygne Noir. La métaphore avec notre salarié est évidente : un jour le maitre part en vacances et décide d’abandonner son fidèle compagnon attaché à un arbre au bord de l’autoroute.

Il poursuivit :

“mais les loups solitaires ne survivent pas. Il faut vivre en meute.”

Je sais qu’il parle d’expérience, lui qui a été longtemps salarié et longtemps dirigeant. Un salarié seul peut vivre caché, se créer une boite noire au sein de l’organisation, masquer son inactivité ou son manque de résultat. Un non-salarié ne peut pas se permettre une telle attitude. Il ne peut pas continuer à vivre selon les enseignements de l’école : ne pas faire d’erreur, travailleur seul, ne pas copier…

Devez-vous quitter le salariat ?

Je sais que c’est la grande mode du moment : vive l’autoentrepreneur, tout le monde peut être son patron, libérez-vous, ne laissez plus votre patron vous manger la laine sur le dos… mais je dois vous mettre en garde.

Si vous réfléchissez à l’idée, c’est à dire si vous pesez le pour et le contre pendant heures, c’est que ce n’est pas pour vous. La loi des moyennes dit qu’il faudra de toute façon que la grande majorité des gens restes salariés et c’est très bien ainsi ! Si la décision n’est pas quasi instantanée, c’est que vos peurs vous paralysent.

Avec le temps, je comprends mieux que l’on puisse rester salarié toute sa carrière : géré de manière actif, on peut faire un parcours très intéressant et relativement sécurisé. Il est bien souvent préférable de conserver la relative sécurité et la prévisibilité du revenu pour construire et développer le reste : ses compétences et son réseau.

De part sa nature quasi-universelle, nous avons tendance à mettre tous les salariés dans le même panier mais c’est un raccourci idiot. Tous n’ont pas la même ambition. Vous n’avez pas, aussi séduisant que cela puisse paraitre, à lancer votre propre business mais vous devez faire du mieux que vous pouvez au quotidien et trouver un environnement qui vous permette de le faire. De la même manière, nous avons tendance à mettre tous les non-salariés dans le même panier alors que les situations sont très diverses : beaucoup se plantent, les autres peinent à survivre et quelques-uns se régalent.

Il y a 2 choses que les non-salariés ont plus facilement : ils sont ouverts aux opportunités et les gains ne sont pas limités par un salaire prédéfini et ils comprennent mieux le fonctionnement de l’argent. Pour le premier point, il sera difficile pour un salarié d’obtenir une situation équivalente mais c’est au prix de la stabilité : à vous de voir si le prix est trop élevé. Concernant le fonctionnement de l’argent, il vous appartient de vous former et d’apprendre et cela peut être fait indépendamment de votre situation.

Pas de vérité universelle

C’est une évidence qui vaut la peine d’être rappelée : il n’y a pas de vérité universelle. Nombre d’entrepreneurs ne souhaitent que de pouvoir prendre 5 semaines de vacances sans penser au boulot, rentrer chez eux à 18h30 en laissant le travail au bureau et ne pas se soucier de savoir s’ils auront de quoi payer le loyer. Nombre de salariés ne souhaitent que de pouvoir arrêter de se taper 45 minutes de route le matin et arrêter de travailler avec des cons. Chacun aura sa vérité. Pour le moment, ma plus grande peur est de devoir redevenir salarié un jour (ah les fanatiques de liberté!) mais ce ne serait pas lucide de ma part de dire Jamais. Qui sait.

Voici une autre vérité universelle : l’herbe est toujours plus verte ailleurs.

Tout ceci renvoi inévitablement à votre propre situation et au niveau d’incertitude que vous êtes prêt à accepter. Plus le niveau d’incertitude que vous êtes prêt à accepter est élevé, plus vous avez de chance de devenir riche : c’est une situation que beaucoup de monde souhaite éviter à tout prix.

Il est aussi plus simple de bien gagner sa vie en non-salarié si vous n’avez pas le bon pédigrée (diplôme, origine sociale…) car c’est la compétence qui primera. Le cas typique, c’est celui qui a foiré ses études et qui ne souhaite pas travailler pour le SMIC. Son seul moyen est alors de créer sa boite. Le recul m’amène aussi à dire que pour faire un excellent parcours en tant que salarié, il faut travailler dur sur son parcours et non pas dans son boulot, exactement à la manière d’un non-salarié qui développer son entreprise et qui arrête d’être un super-technicien. En ce sens, la charge de travail est comparable bien que les disciplines soient différentes.

La solution hybride, c’est de combiner la salariat avec une activité d’entrepreneur mais ne vous y trompez pas : lorsque un chèque tombe à la fin du mois, l’envie n’est pas la même. Il faudra trouver de puissants éléments de motivation pour avancer. Cela dit, je pense que cette solution d’une transition douce reste la meilleure pour les salariés qui souhaitent passer de l’autre côté. Recommander autre chose serait irresponsable.

Alors même si l’on vous apporte la pâtée tous les jours, ce n’est pas une raison pour s’y complaire et ce n’est pas en devant un loup que vous allez subitement devenir un chasseur. Commencer par chasser dès maintenant !

Quelles sont vos expériences ? J’aimerais savoir ce que vous en pensez !

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